La maison derrière
"Le monde entier n'est-il pas une vaste maison close dont on a perdu les registres?" Quentin Crisp
Le titre ne va pas être évocateur pour ceux qui ne sont pas fan des Simpsons. C'est un épisode où un cabaret clandestin vient s'installer dans la ville de Sprinfield. Mais Marge veut le faire démolir en arrivant au volant d'un bulldozer. C'est une façon pour le créateur, Matt Groening, de nous parler du puritanisme américain. Et j'étais écroulée de rire, quand, à la fin, le grand-père Abraham gueule "Ah oui, le bordel!" et tout le monde lui demande de se taire!
Quand j'ai repris mon activité, et que j'ai ouvert ce blog, on m'a demandé ce que je pensais des maisons closes. Mon avis est plutôt mitigé, mais non tranché. Déjà, c'est dur de se faire une idée véritable, car je n'y ai jamais travaillé. J'ai connu d'autres formes de prostitution (que j'évoquerais dans mon livre s'il sort), mais pas dans ce type d'établissements.
Pourquoi? Et bien parce que je sais que je peux rencontrer des difficultés avec l'autorité, en tout cas dans ce milieu. Je risque de mal supporter le fait que l'on m'impose une tenue vestimentaire, ou une non-tenue d'ailleurs, des horaires, ainsi que des clients avec qui je n'aurais pas envie d'aller.
Pour autant, je ne me sors pas de l'esprit que tout le monde n'est pas comme moi, et que des consœurs peuvent avoir besoin d'un cadre et d'une sécurité afin de se sentir plus à l'aise. Et puis, c'est un peu comme la personne qui ouvre son propre restaurant, ou se met artisan à son propre compte, tandis que d'autres ne préfèrent pas supporter les couts divers de l'entreprenariat et souhaitent en rester au salariat. Aucun postulat n'est critiquable.
Pour ce qui est des clients, je peux aussi comprendre qu'il est plus facile lorsque toute une logistique n'est pas à organiser, que l'on n'a pas à craindre des arnaques ou des traquenards. Je ne suis pas butée et bornée, et je ne prêche pas que pour ma paroisse!
En France, ne nous sortons pas de l'esprit que ces établissements sont interdits depuis 1946, avec la promulgation de la loi Marthe Richard, avec cependant une exception pour les colonies, où elles ont fermé en 1962. Mais pourquoi a-t-elle fait fermer ces lieux de tolérance? Pas pour la protection des filles, contrairement à ce qu'elle a voulu dire. Déjà, cette grosse mythomane s'est inventée un passé de résistante, mais ce n'est pas le sujet. Ensuite, après guerre, lors des règlements de compte de la Libération, on s'est aperçu que oh! Malheur! Les filles de joie avaient copulé avec l'ennemi. Mais autant je conchie les collabos, autant ces pauvres nanas ne faisaient que faire ce qu'elles savaient faire afin de gagner pitance. Était-ce une raison pour leur tondre la tête? je ne crois pas. Regardez le film Malena qui se passe en Italie, avec une Monica Bellucci magnifique.
On pense souvent que dans les pays où les salons érotiques sont autorisés, il n'y pas de prostiputescortes indépendantes. C'est faux! Il y en a en Suisse, il y en a en Allemagne, il y en a en Espagne... Car il en faut pour tous les gouts et tous les clients ne sont pas faits pour ce type d'établissements non plus.
Ainsi, je disais que je n'ai jamais travaillé en maison, mais j'ai déjà postulé. Hein? Oui, les amis! Après avoir regardé les aventures du Moonlight Bunny Ranch sur la chaine E!, qui nous parle d'un "brothel" dans le Nevada, il m'avait pris l'idée d'aller voir d'un peu plus près le pays de l'Oncle Sam. J'avais donc écrit à l'assistante de Dennis Hoffman, à qui mes photos n'avaient pas déplu. Ouais, je me chope le melon, parfois, et je tape carrément fort! Le problème fut que, pour obtenir une autorisation de travail dans ce pays, c'est d'une complexité affolante! Donc j'ai renoncé à cette idée qui m'était venue en 2011, si mes souvenirs sont exactes.
Ainsi, vous voyez bien que je ne suis pas si obtuse que cela, et que je n'ai rien contre ces lieux de plaisirs!
Ensuite, dans notre belle Europe, j'ai eu l'occasion d'y entrer. Non, pas pour y exercer mes "talents", puisque je vous ai dit que ce n'était pas le cas. Mais comment alors? Et bien, en tant que cliente. Oh, ça va, ne me faites pas un malaise, s'il vous plait!
J'ai été sur Athènes, dans un établissement où vous aviez la possibilité de payer une petite rétribution, puis de partir avec une demoiselle pour l'amener chez vous ou à votre hôtel, et... Et? Et. C'est tout, je l'ai déjà dit, je ne donne pas de détails concernant ce genre de choses, d'autant plus quand cela relève de ma vie privée.
Par la suite, j'ai été à la Joncquera. Oui, ne prenez pas rendez-vous chez le cardiologue, s'il vous plait. Et? Ben là, rien. J'ai été au Madam's, qui m'a fait penser à un train fantôme, tellement c'était glauque et sombre. J'ai été au Lady Dallas, qui m'a fait penser à un supermarché, où je me suis carrément faite siffler par des nanas qui se foutaient de ma gueule. Ca donne envie de lâcher son fric, hein. Si la vulgarité était un lieu, ce serait celui-ci. J'ai aussi été au Paradise, du côté terrasse, là où il y a une grande tente blanche. Bien que ce club m'a paru select, je vais sans doute vous paraitre difficile, mais aucune dame ne m'a inspiré pour approfondir les choses. Sinon, l'endroit est bien pour acheter du parfum et des clopes (on s'en tape Chlo!).
Mais encore, j'ai été dans des salons suisses, et là, on reconnait la rigueur helvétique, ce qui est à prendre comme un compliment, selon moi. Couple? Welcome, allez-y, et aucune jeune femme ne s'est permis une remarque déplacée. Et? C'était chouette, vous vous contenterez de ça.
L'Allemagne ne m'attire pas plus que ça, car déjà, c'est un pays qui me porte l'œil, non pas pour ce que vous pensez, mais je me suis retrouvée en 2009, sans téléphone, sans papiers, sans carte de crédit, sans argent... Donc je ne tiens plus à remettre un pied au pays de Goethe. Et pour le sujet qui nous concerne, je ne tiens pas trop à me retrouver le cul à l'air devant d'autres gens la bite au vent. Je trouve que ça fait marché à la viande et un corps nu, aussi beau soit-il, n'a plus aucune valeur à mes yeux quand il est totalement à découvert. Peut-être mon côté féminin, que voulez-vous? Toujours est-il que je préfère ce qui est plus subjectif. Donc pas de FKK pour moi!
J'ai lu aussi beaucoup d'ouvrages sur le sujet, car j'aime lire un peu de tout. Notamment, Escort, le livre de Sabrina, qui, au court de son témoignage, nous révèle qu'elle a aussi exercé en maison, en Suisse, et Belgique. Je dirais qu'elle n'est pas très positive, mais elle le dit elle-même, elle n'a jamais été forcée, et elle a eu une mauvaise hygiène de vie, car sous l'emprise de la cocaïne.
Pour ce qui est de La maison, d'Emma Becker, je trouve son discours biaisé, du fait, et elle le reconnait elle-même, qu'elle n'était là que pour son projet littéraire. Elle est journaliste de base, issue d'un excellent milieu socio-culturel, et, en cas de pépin, elle savait très bien qu'elle ne serait dans aucune urgence financière. Mais j'ai tout de même aimé sa manière de raconter sa réalité à la lumière crue de ce qu'est une vie dans un bordel allemand.
Le livre de Madame Lisa aussi, me vient à l'esprit. Elle n'idéalise en aucun cas les choses, nous explique (et c'est bien vrai) que chaque parcours d'entrée dans la prostitution est différent, et il a la particularité d'être une vue du prisme de la tenancière. En face, nous avons eu la "contre-enquête", si je puis dire, de la part de Sophie Bonnet. Quand on est abolitionniste, et qu'on a déjà des idées préconçues avant même d'écrire une ligne, il ne faut pas s'étonner du résultat, avec beaucoup de phrases qui me semblent sorties de leur contexte. Allez voir dans la cuisine d'un restaurant si c'est mieux!
Ah oui, mais quand il s'agit de la prostitution, c'est différent! Non. Si on part du postulat que "Sex work is work", à savoir que le travail sexuel est un travail, c'est exactement la même chose.
Vous savez ce qu'est l'étymologie du mot "Travail"? Trepalium! C'était un instrument à trois branches, qui servait à punir, sous l'Empire romain, les esclaves qui refusaient d'exécuter leurs taches! Donc, nous en sommes tous là!
Il va de soi qu'une maison de ce type doit être en règle avec certaines lois, et ne pas avoir de comportement abusif avec les personnes qui y exercent... Tout comme n'importe quelle entreprise est encadrée par le Code du travail, je crois. Et si certains employeurs sont peu scrupuleux, les prud'hommes interviennent! Et dans le cadre où une personne a une vie totalement indigne, se prend des coups, a son passeport qui lui est retiré... C'est de l'esclavage, tout simplement, et le travail sexuel ne saurait être exempt de ce type de normes, bien entendu! Et je ne suis jamais tendre avec le trafic d'êtres humains, croyez-moi!
Et, cela va sans doute en surprendre beaucoup, mais je ne me sors pas de l'esprit qu'un jour, ça pourrait me prendre et je pourrais me retrouver à la tête de mon petit bordel! Oh, pas en France, je n'aime pas trop l'idée d'être enfermée 23 heures sur 24 et de devoir prendre ma douche avec d'autres femmes. Parce que la réouverture des bordels n'est ni pour demain, ni pour après demain, si vous voulez mon avis. Bien que, veuillez noter que la majorité des français seraient pour, beaucoup de sondages sérieux en attestent!
Donc, à l'étranger, c'est évident... Pourquoi pas? En tout cas, sachez que c'est dans un coin de ma tête. A suivre...
Contact: chlotilderastignac91@gmail.com
Mme Claude était très appréciée de ses employées, une ancienne de la "maison" a écrit un livre pour raconter son parcours et toute la sympathie que cette dernière lui inspirait, elle avait des problèmes conjugaux et a pu en sortir à temps grâce à Mme Claude.
RépondreSupprimerQui sait si vous ne suivrez pas ses traces, en plus le cul est ce qui se vendra toujours, c'est ce qui fait tourner le monde bien plus que le pétrole ou l'or. Au risque de choquer, les relations charnelles sont a mettre dans la pyramide de maslow au meme titre que manger, boire etcetc Ca ne signifie pas qu'ils sont egaux, ni d'avoir le droit d'exiger quoique ce soit, encore moins de justifier les viols(des actes de sadique et de barbares ayant peu a voir avec une quelconque sexualite) mais l'absence d'intimite charnelle et psychologique est source de graves désordres psychologique, je trouve qu'on reduit trop l'existence a un pur fonctionnement mecanique. Je ferme cette petite parenthèse.
Connaissant l'activité, vous pourriez avoir de bons conseils à donner aux femmes exerçant dans votre établissement.
Personnellement je ne suis pas fan du bordel, en tant que client cela ne m'attire pas mais n'ayant jamais essayé on ne peut être formellement catégorique, par contre il me semble plus souhaitable d'avoir des bordels qu'un système abolitionniste, en l'occurrence pour la France un truc pire que l'abolitionnisme, les dames peuvent "vendre" leur charme mais l'achat est interdit, tu mets en place le même système dans l'économie classique c'est le gorafi assuré chaque jours. Il me semble pourtant avoir lue que le strass n'y était pas favorable.
Et il y a une chose qui m'a toujours interloqué, l'absence de la prostitution masculine, ouvrir des bordels pour les femmes semble inconcevable, ces dernières sont elles moins enclines à dépenser la sueur de leur front dans la bagatelle, en ont elles "besoin" et est ce qu'il y aurait suffisamment d'hommes proposant leur service et le feraient ils pour de bonnes raisons(du style, je vais baiser et on va me payer ce qui nuirait à la qualité du service) En somme y a t il une psychologie féminine et masculine expliquant cette quasi absence de clientèle.
Bref, c'est un très bon projet que vous avez là(et je ne dis pas ça pour passer de la pommade)
Pour ce qui est du STRASS, tout dépend de quelles intervenantes en fait. Mais bien que le syndicat a le mérite d'aller mouiller le maillot pour défendre les droits des TDS? je ne suis pas non plus d'accord avec toutes leurs prises de position. J'ai été loin de partager les points de vue de Morgane Merteuil, par exemple.
SupprimerLa femme est moins à même de payer car nous avons eu le poids social pendant des millénaires, nous expliquant qu'une femme qui couche "juste comme ça" est la pire des sous merdes, tandis qu'un homme en sortira toujours comme un Don Juan. Ceci est un autre sujet. Mais non, peu de femmes seraient prêtes à payer, si vous voulez mon avis.
Honnêtement, je ne sais pas si un homme qui paye pour des relations tarifés est si bien vu que ça. Après, il est bien mieux vu qu'une femme qui vend ses charmes, cela rejoint vos propos sur la femme qui couche "juste comme ça", alors contre rémunération.
SupprimerOui, je pense aussi que peu de femmes seraient prêtes à payer, ce qui est fou est le nbs d'hommes sur les sites d'escorts proportionnellement à une potentielle clientèle.
Je suis sans doute naïf, mais ce sujet me fait penser, toute proportion gardée, à la dépénalisation des drogues douces...
RépondreSupprimerComme vous le dites, si les maisons closes, comme la distribution du cannabis, seraient organisées par l’état et que les employé(e)s seraient protégés par un code du travail (comme dans tous les autres secteurs), alors oui cela pourrait être une avancée pour la société.
Cela réduirait les trafics et la violence, amélioraient les conditions de travail des femmes et augmenteraient les recettes de l’état !
Évidement, il faudrait se débarrasser d’une vieille moral et de tous un tas de préjugés et ce n’est pas pour demain !
Il y avait aussi un aspect positif aux maisons closes. C’était un lieu de socialisation pour les hommes. Ils n’y venaient pas que pour les femmes mais aussi pour passer du temps à discuter et à développer leurs réseaux … le LinkedIn de l’époque !
Et pour finir, comme aurait pu dire Homer au sujet des bORdel : « Les bonnes choses ne finissent pas en "um" comme "museum", mais en "or" comme dans "côte de porc ! » 🐷 🐷
Homer va gueuler à Marge "A poil!". Mais j'aime bien les musées sinon!
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