Docteur Chlo vous répond (décembre 2022)

 



" Si tu ne comprends pas, pose des questions. Si poser des questions te met mal à l'aise, dis-le et pose les quand même. on voit facilement si une question part d'une bonne intention. puis, écoute encore d'avantage. Parfois, les gens ont seulement envie d'être entendus". Chimamandi Ngozi Adichi


Pour ce mois-ci, R. m'a demandé: 

J'aurais une question un peu généraliste concernant votre vécu d'escort, durant votre activité vous avez connu plusieurs villes et je souhaitais savoir laquelle aviez vous trouvé la plus "accueillante", et si vous aviez constaté des différences entre vos différents lieux d'exercice, que ce soit en terme de clientèle ou concernant d'éventuels problèmes autour de la répression liée à l'exercice de cette profession.
J'aurais également aimé faire un peu de sf d'anticipation avec votre oeil d'escort et  connaitre votre ressenti sur l'évolution de cette activité, pensez vous qu'il y aura encore des Françaises qui s'adonneront à l'escorting pure, les onlyfans et mym vont ils remplacer les rdv charnels les robots sexuels sont ils l'avenir de la profession?
Enfin, pour revenir à la bagatelle avez vous des positions qui vous procurent plus de plaisir et/ou d'excitation que d'autres, et y a t il une différence entre le sexe réel et tarifé, j'imagine que oui, mais le sexe tarifé a t-il eu aussi une fonction fantasmagorique, une sorte de parenthèse pour réaliser des choses peut être plus inavouable au sein des relations "réelles".

En fait, votre question en regroupe trois, donc je vais les décomposer. 

Pour la première partie, je n'ai connu que deux coins, à savoir la Côte d'azur, (Nice, Cannes et Monaco) puis la Région parisienne. Il y a un troisième endroit, se trouvant à l'étranger, pour très peu de temps, mais je ne vais pas vous spoiler mon livre. Ensuite, il y a eu d'autres villes, mais sous invitation, donc j'étais pour un temps plus ou moins long avec la même personne, donc est-ce que ça compte? Non, je ne pense pas.

Sinon, entre le Sud et Paname, qui aura ma préférence? Pour cette activité, je dirais Paris, car on a plus de demandes, mais aussi plus de fantasmeurs et de cintrés, le pourcentage restant le même. Après, le "job" ne change pas selon les villes, surtout que je ne rencontre pas forcément des parisiens, mais des gens se trouvant sur Paris; c'était à peu près la même chose sur Nice. Je dirais tout de même que le parigot est moins gratteur et plus habitué dans l'ensemble à faire ce type de rencontres. 

La loi de 2016 n'a aucunement changé mon activité, étant donné que je n'exerce pas en rue. Là, les pauvres ont du être impactées, mais comme il faut! Parait-il que ce fut un peu plus difficile pendant deux ou trois mois, mais je n'étais pas là. par contre, il y a plus de gars qui proposent des prix bas, car la prostitution de rue a eu tendance à se déplacer sur la toile. Mais il suffit de refuser, et quand ça devient trop insistant ou insultant, de bloquer. 

Concernant Mym et Only fans, il n'y a pas que les françaises qui s'y adonnent. Pour les modèles virtuels, je pense que ça a cartonné pendant la pandémie de Covid, mais que ça a un peu perdu en vitesse depuis que nous avons repris une vie normale. C'est un peu à mettre dans le même panier que le porno, ça reste visuel, amenant à un plaisir solitaire, et ça ne peut nullement remplacer une rencontre réelle. Mais je ferais sans doute un article expliquant tout le "bien" que je pense de ces deux sites. 

Pour ce qui est des robots, je pense qu'un humain aime bien avoir affaire à un humain pour ce genre de choses. Je suis assez frileuse en ce qui concerne les intelligences artificielles, surtout pour ça. Vous vous imaginez si la machine s'enraye? Ca promet quelques belles situations comiques.

D'autre part, vous semblez souligner qu'il y a de moins en moins de françaises en activité, se penchant plutôt vers le virtuel. C'est faux! Généralement, elles font les deux. Et il n'y a pas moins de françaises, d'après ce que je vois, mais plus d'étrangères, venant simplement non pas remplacer, mais grossir les rangs. 

Enfin, pour ce qui est de différentes positions, non, je n'ai pas constaté qu'une ou l'autre me procurerait plus de plaisir. Par contre, vous partez d'un postulat contraire au mien. En fait, si et quand j'ai une vie privée, c'est que je suis amoureuse, n'étant pas du tout, mais alors pas du tout adepte du plan cul. Il est donc logique que mon amoureux, supposé ou réel, ait alors plus de choses et, qu'au contraire, je me lâche plus, dirons-nous, connaissant tout de même certaines limites. Et il est logique que j'ai fait tomber certaines barrières dans ma vie privée qui ont toujours été, sont et seront toujours présentes dans le cadre de cette activité. 

Lesquelles?  Justement, cela concerne ma vie privée, donc je n'ai pas à le dire, et je n'aime pas spécialement parler de sexe, comme je le disais dans mon article "Du cul, du cul, du cul". Etrange, au regard de mon activité? Peut-être. Mais c'est ainsi. Donc non, vous ne saurez pas comment je lève la guibole, ni si je met le cul sur la commode si et quand je suis en couple. Que l'on me pose des questions générales sur la sexologie ne me choque pas, et même me touche, mais je ne répondrais jamais à des questions concernant ma vie privée, ni sexuelle. On sait très bien que je ne vais pas compter des épingles en rendez-vous, mais je ne vais pas faire dans le graveleux sur ce blog, je m'y refuse. 

Par contre, sans détailler, tout ce que je peux vous dire, c'est que dans le cadre de cette activité, comme je l'ai déjà sous-entendu en commentaire, "call me classic". 

En sus, je ne suis pas dans le game pour assouvir mes fantasmes, d'autant plus que, depuis le temps que je suis dans la place, si tel était le cas, ce serait déjà fait. Pourquoi alors? Et bien pour le fric, pardi! Et je suis une de celles qui l'a le plus assumé, et je l'ai dit depuis le début. Outre le fait que je pense que si on part du principe que le travail sexuel est un travail, "sex work is work", c'est essentiellement pour cela que les gens vont bosser non? Ah mais c'est mal de le dire quand ça concerne cette activité, Et bien, moi je le dis, tant pis.  Enfin beaucoup se rappellent qu'ils ont payé tout de même quand ça ne se passe pas comme ils le voudraient toutefois... 

Mais, cela ne m'empêche en aucun cas pour autant d'éprouver de la sympathie pour beaucoup de personnes, notamment des clients, et je suis d'ailleurs déjà sortie du cadre (cf: mon article "Tomber amoureux d'une escorte?"). 

Si vous voulez mon avis, et même si vous ne le voulez pas, celles qui sont là pour assouvir un fantasme ou pour se faire peur ne représentent qu'une infime minorité, et celles qui vous disent le contraire ne font que vous vendre du rêve. Oui, certes, nous avons eu Soisic Belin ou Emma Becker, mais elles ne sont pas représentatives de cette activité, en tout cas à mes yeux. Elles ont effectivement franchi le cap pour écrire, mais je trouve la démarche un peu douteuse, surtout concernant Soisic, car un journaliste qui enquête sur les narco trafiquants va-t-il devoir vendre du shit en bas des blocs? 

C'est bizarre, ça fait toujours rêver cette histoire de pute qui fait la pute non pas pour l'argent, mais pour se faire tout un tas de mecs....

Je me tiens à votre entière disposition pour répondre aux questions jusqu'au mois de janvier. Vous pouvez d'ors et déjà m'écrire pour cela: chlotilderastignac91@gmail.com. 








 

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