Chlo est dans le caca




" Que sait-on d'un tas de merde tant qu'on n'a pas glissé dessus?" Philippe Dijan.

Lecteurs scatophiles, cet article est pour vous; c'est votre moment, c'est votre instant. Pour les autres, spoiler alert: ce texte pue la merde! Ne le lisez pas avant ou pendant que vous êtes à table, je vous aurais prévenu. 

Vous vous imaginiez qu'une princesse ne fait pas caca? Et bien je dois être l'exception qui confirme la règle. Non, elle ne va pas oser? Et bien si! Je vous ai déjà parlé des règles, donc pourquoi pas? Ca fait partie de l'humain, je ne suis pas exemptée d'aller me soulager, et c'est même partie intégrante de ma vie, je vais vous expliquer pourquoi!

Les emmerdes ont commencé en 2012, tandis que je me suis faite opérer afin de subir une ablation de la vésicule (cf: "Comment je me suis réconciliée avec mon corps"). Le chirurgien m'a fait ça par coelioscopie, donc en me mettant dans le bide de l'eau et de l'air. Je me suis réveillée et j'étais dedans... au sens propre du terme! Réponse de l'aide-soignante au bloc? "Oh, ce n'est rien, ça arrive tout le temps!". Et hop, elle a changé le drap sous mon royal postérieur. C'est là que je me dis, en aparté, qu'elles ne sont pas assez payées. Bref, je me suis retrouvée dans mes propres excréments à l'âge de même pas 27 ans! J'en ai chialé! Mais l'histoire ne faisait que commencer...

En sortant de l'hôpital, on m'avait prévenu: il y a environ 30% des gens qui ont subi cette intervention qui ne digèrent plus jamais de la même manière, et avec ma chance, j'en fait partie. Au début, il n'y a rien eu à signaler. 

Et un soir, je sors avec une amie sur Monaco. Je vous fais le tableau: robe bleue ciel magnifique, escarpins de marque, beau sac à main, maquillage merveilleux, bref j'étais au top de moi-même. Sur le chemin du retour, j'ai commencé à avoir des gargouillis dans mon ventre, et de plus en plus mal. Je suais comme une cougar au salon de l'étudiant, et je suis rentrée chez moi en courant! J'ai été aux lieux d'aisance et là... Là!!! J'ai ressenti une telle douleur que j'ai cru mourir, j'ai eu l'impression de vivre une expérience de mort imminente, sauf que la lumière ne se trouvait pas au bout du tunnel, mais au fond de mes chiottes! J'ai perdu connaissance et c'est quand ma tête a tapé dans le mur que je me suis réveillée! Je me voyais bien crever sur les toilettes, avec la robe relevée jusqu'au menton, le derche souillé, et avec en épitaphe sur ma tombe "Ci-git celle qui est morte en caguant"! 

Le premier été, j'ai simplement pensé, avec mon meilleur ami, à créer une application afin de géolocaliser tous les toilettes publics dans la ville. Pourquoi avec lui? Il a la maladie de Crohn... Qui sait? Nous pourrions peut-être aujourd'hui rouler en limousine... Avec toilettes à l'intérieur! 

Oh, il y en a eu plein des aventures comme celles-ci. Notamment quand tu commences à sortir du cadre avec un client, et que, devant celui-ci, tu tentes de feindre une migraine (pour la seconde fois) en sortant du restaurant, afin qu'il te ramène chez toi. A chaque fois, il pensait que je faisais la gueule! J'ai du lui avouer mon problème dans la voiture! Il est allé faire un tour afin de me faire profiter de la cascade enchantée chez lui tranquillement! Romantique! 

Toujours avec cette personne, finalement, une Saint-Valentin arrive. Allez, imaginez-vous. Une belle robe noire, des sous-vêtements de bonne facture, un restaurant magnifique, et là, il se disait, à juste titre "Tonight is your night". Pensez-vous! Je me suis retrouvée à hurler comme un cochon qu'on égorge sur le trône, et lui, en train de m'asperger le visage avec un brumisateur!  

J'ai toujours prié pour que cela ne m'arrive pas en tant qu'escorte. Mais il faut croire que le sort aime s'acharner sur moi. Oui, cela m'est déjà arrivé. Et je vais vous expliquer quelque chose, c'est extrêmement gênant. Lors de mon premier rendez-vous long, j'ai été demander sur un canal qui nous était alors réservé des conseils, non pas pour avoir de la conversation, non pas pour les tenues vestimentaires, mais j'ai posté un truc du genre "Les filles, comment vous faites pour aller poser votre pêche?". 

J'ai ainsi acquis une technique qui vaut ce qu'elle vaut: je dis que j'ai des coups de fil à passer, et je vais à la réception, ou au bar de l'hôtel. Ils ont toujours un espace caca juste à côté. Quoi hypocrite? Ouais ok, j'avoue. Mais c'est très difficile socialement, surtout quand nous sommes censées vendre de la classe et du glamour que de dire "Euh, excuse-moi, mais...".

Mais on n'est jamais à l'abri du gars qui, pensant faire plaisir, vous amène manger... indien! Ma bête noire! Donc courant 2012, c'est ce qui m'est arrivé! Plus de 10 ans plus tard, je m'en souviens encore! Sur le chemin du retour, mon ventre faisait des bruits inconnus par la science. Je pleurais dans la voiture, et j'ai cru que j'allais me vider sur la banquette! Je ne suis pas une escroc, mais je pense que j'y aurais ensuite foutu le feu pour faire une arnaque à l'assurance. Certains vont me dire que c'est ce qu'on appelle avoir le cigare au bord des lèvres. Oui, mais celui du Che Gevara alors! Non, même pas... Je vais vous passer les détails. Vous savez quel laboratoire fabrique le Imodium? Johnson et Jonhson. Vous savez grâce à qui le cours de l'action a augmenté? 

Et des histoires comme celles-ci, j'en aurais tellement à vous raconter! Oui, mais certains vont me dire que je pourrais prendre mes précautions. Vous savez combien de temps a duré mon rendez-vous le plus long? Quatre jours! Comment faire? Et parfois, j'ai eu envie de buter des architectes! Pourquoi faire un hôtel avec une porte vitrée aux chiottes? Pourquoi? Et hop, cours à la réception Chlotilde, pour aller massacrer Jacob Delafon! 

Je termine cet article avec un rappeur qui fait partie de la même équipe que moi, sauf que lui a de la colopathie fonctionnelle. Il termine ce morceau avec "Je vous chie tous dessus". Je n'irais pas jusque là, mais si vous me cherchez... 




 

Commentaires

  1. Chlotilde, quel courage pour aborder des sujets pareils et pourtant si vrai. J'ai eu moi même une RCH et ablation du rectum et du colon ( colectomie totale on dit ) et j'ai souvent souhaité connaitre tous les lieux adéquats dans une ville car c'est une vrai galère et personne en parle . Bien sur ce n'est pas dans les mêmes conditions que vous mais quand même trés génant , on ne peut pas aller n'importe ou. Et quand on est invité quelque part c'est mon angoisse. En plus a NICE il n'y a pas beaucoup de lieu . Je connais les magasins ou endroits propices ( payants souvent ! ) j'ai ma liste et souvent je suis quitte pour aller prendre un café au bar du coin.Rien n'est fait et je sais qu'une association voulait pondre une loi pour laiser l'accés libre aux toilettes des bars aux personnes titulaire d'une carte. Merci de parler de ce sujet et bon courage a vous. Alain.

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    1. Il faut en parler. C'est un sujet qui est un grand tabou social, il y a des gens qui n'osent pas y aller sur leur lieu de travail, par exemple. Je ne dis pas d'exposer ça à la vue (et à l'odeur surtout) de tous, mais finalement, ce n'est pas une honte, tout le monde est confronté à cette situation, nous y allons tous, moi la première, comme je vous l'ai démontré.

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  2. "Suer comme une cougar au salon de l'étudiant", décidément j'aime beaucoup votre sens de la formule !

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  3. Bon courage Chlotilde ! 'Vos publications sont toujours intéressantes, légères ou non. Mais des toilettes Vuitton, la classe !!!
    https://www.ouest-france.fr/culture/des-toilettes-recouvertes-de-sacs-louis-vuitton-100-000-dollars-5371941
    michel agent12

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  4. Peut être un des chapitres de votre futur ouvrage, vous parlez d'un sujet assez handicapant et gênant avec beaucoup d'humour, la vie est une sacrée roulette russe.
    Passez une bonne journée

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  5. Eh bien voilà une bonne chose de faite qui facilitera une éventuelle rencontre avec l'un d'entre ceux ayant lu votre blog. :)
    https://www.youtube.com/watch?v=U8KLyQoVSZ0

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  6. Toute proposition gardée, votre témoignage me fait penser à celui de Dora Moutot qui a consacré un livre entier à ses problèmes de pet ! (À fleur de pet: livre sur la maladie des hyperballonnés).
    On peut en rire à première vue, mais le problème que vous exposez peut gâcher la vie ou du moins certains moments …

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    1. Ca va, je n'ai pas ce problème, je ne vais pas cumuler non plus quand même!

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    2. Merci pour ce sujet Chlotilde. J'en ferai 2 commentaires :

      Ayant moi-même un handicap invisible (qui ne saute pas aux yeux), pas sévère mais gênant parfois, j'ai longtemps hésité à en parler aux quelques escorts que je rencontrais et puis un jour j'en ai eu marre de la dissimulation et je l'ai dit. Et vous savez quoi ? J'ai TOUJOURS eu un accueil hyper bienveillant ! Même de celles que je n'ai pas appréciées plus que ça. Alors si un jour une de ces dames me parle d'un souci de santé, je serai aussi hyperbienveillant. C'est la moindre des choses et c'est ainsi qu'on construit vraiment une société inclusive, plus qu'avec des slogans à mon humble avis.

      Et puis un jour je me suis retrouvé dans la salle de bain avec WC d'un hôtel , en compagnie de ma fréquentation régulière du moment. Et elle me dit : "je vais faire un petit pipi" - ok, je sors ! - non, tu peux rester ! Je ne me suis pas fait prier, je suis resté et je l'ai regardée faire. Ca ne l'a même pas inhibée. On s'est mis à rire en se disant qu'on était comme un vieux couple. J'ai adoré ce moment non que je sois fétichiste de l'urine, mais parce qu'elle m'a offert un moment d'intimité qu'elle n'était pas censée m'offrir. Et que ça nous a aidé à nous sentir bien ensemble, à construire la confiance. Évidemment c'était juste un pipi donc différent d'un caca bien puant. Mais pourquoi pas après tout. C'est la vie, et moi j'aime partager de la vie.

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