Lettre ouverte à mon pire ennemi
Le 28 septembre 2022, tu es entré dans ma vie, mais aussi dans celle de ma famille, en t'en prenant à ma mère. Cela faisait deux ans que tu étais tapi dans l'ombre, en attendant de surgir pour tout massacrer sur ton passage. Lorsque, ce jour-là, ma maman, la femme que j'aime le plus au monde, m'a téléphoné pour m'annoncer ta venue, je suis tombée au sol en pleurant comme une enfant.
Depuis la naissance de l'humanité, tu as causé bien plus de morts que les pires dictateurs, n'hésitant pas à t'en prendre à des personnes généreuses et saintes, parfois aussi à des enfants. Et là, tu as voulu t'en prendre à ma mère? Cette femme qui m'a porté, cette femme qui m'a éduqué, cette femme qui m'a soigné... Mais elle n'avait pas dit son dernier mot, nous non plus d'ailleurs... Car, en toute logique, nous l'avons épaulé et soutenu pour se confronter à toi.
Oh, bien sûr, j'avais déjà entendu parler de toi, mais tu étais inconnu parmi les miens. Je t'avais observé de loin lorsque j'ai appris, il y a dix ans que tu étais en train de prendre la vie d'une amie à moi, qui aura beaucoup moins de chance que ma maman. Tu avais aussi tué une de mes camarades de classe du temps où j'étais au collège.
Pour ma part, tu dois être bien excité quand tu me vois fumer ma clope, et j'avoue qu'en apprenant ta venue, j'ai encore plus clopé tellement j'étais stressée, tournant quasiment à un paquet pendant un an. Mais grâce à toi, j'ai promis d'arrêter avant mes quarante piges afin que tu ne viennes pas dans quelques années frapper à ma porte.
Pour en revenir à ma mère, tu étais donc là, le malin qui attendait dans l'ombre le moment opportun pour sortir de ta cache, espèce de sous-merde! Elle a senti une masse dans son sein droit, elle a été consulter, on lui a fait une biopsie et... C'était toi. Sous forme de quatre tumeurs... Et là, j'ai presque envie de pleurer tandis que je suis en train d'écrire. Tout s'est enchainé, mastectomie totale avec ablation de 26 ganglions sentinelles sous l'aisselle, car tu ne t'étais pas cantonné à la poitrine, chimiothérapie et radiothérapie. Ah, tu n'avais pas fait semblant, puisque tu es venu en stade III! Au stade IV, tu métastases et là, sauf erreur de ma part, tu deviens très difficile à chasser, voire impossible.
Tu as voulu lui enlever sa féminité, mais tu l'as transformé en amazone, en une guerrière prête à lutter jusqu'au sang, jusqu'à la mort pour que tu repartes de là où tu étais venu. J'ai d'ailleurs hésité à me faire tatouer une guerrière sur moi, avec l'initiale de ma mère à ce moment-là...
Ma créatrice s'est montrée plus que courageuse face à toi, prenant tout à la rigolade, et arrivant même à faire sourire, voire carrément faire marrer toutes les personnes qui se sont gentiment occupées d'elle. Elle n'avait plus de cheveux, mais disait que ce n'était pas bien grave, car ils repousseraient de meilleure qualité. Elle a refusé le port de la perruque, non pas par défiance, mais sa peau ayant été altérée par les traitements, cette dernière la gênait car son crâne était irrité.
Octobre Rose a eu un gout très particulier pour moi en 2022, voyez-vous... Et c'est dans ces moments-là que vous voyez vraiment qui sont vos amis ou non, en vous soutenant ou en vous ignorant. Je ne parle pas de la famille qui a été carrément aux abonnés absents pour notre cas. C'est bien, ça fera moins de cadeaux à faire pour les prochaines occasions! C'est juste dingue quand on sait à quel point elle a toujours été là pour tous.
Nous sommes de nouveau au dixième mois de l'année, celui qui est consacré au cancer du sein, que je nomme enfin, ce petit enculé, car je m'accorde le droit de l'insulter, et j'encourage donc toutes les femmes à aller se faire dépister. Oui, moi aussi, j'ai été montrer mes nichons à un radiologue il y a peu et vous savez quoi? Après contrôle technique, ils vont bien merci.
Au mois de novembre aura lieu le Movember et non, messieurs, je ne vous oublie pas; il faudra ainsi aller vous faire dépister concernant tous les cancers masculins, même si ce n'est pas drôle je l'avoue. mais ne vous sortez pas de l'esprit que, plus ce bâtard est pris tôt, plus vous avez de chance de vous en sortir.
In fine, si un des membres du personnel du centre Antoine Lacassagne à Nice passait dans le coin, je vous remercie plus que chaleureusement. Vous me l'avez rendu impeccable. Enfin, un sein en moins, mais ce, jusqu'au printemps prochain, elle subira alors une reconstruction mammaire.
Prenez soin de vous!!!
Merci pour ce témoignage Chlotilde. J’ai moi même perdu un parent à cause de cette saleté de crabe, je suis heureux pour vous que votre maman s’en soit sortie indemne.
RépondreSupprimerIndemne, on va le dire vite. Parce que la chimiothérapie, ainsi que la radiothérapie l'ont lourdement fatigué. Elle qui était une grande cuisinière, par exemple, a laissé son tablier à mon papa. Elle dort beaucoup, d'autant plus qu'elle est sous hormono thérapie (le cancer du sein est hormono dépendant) pendant 5 ans, et ça crève. Je suis désolée pour votre proche, c'est ignoble. Et c'est ce qui me faisait vraiment peur!
RépondreSupprimerOui, pardon j’ai employé le terme un peu à la légère. Merci pour votre sympathie, je conçois aisément que vous ayez craint une issue plus terrible et suis heureux pour vous que ca n’ait pas été le cas.
RépondreSupprimerClairement, c'aurait pu être pire. Pour un stade III, (assez avancé, car j'ai oublié de préciser que le connard de radiologue n'avait rien vu un avant) il y avait 60% de chance de rémission. C'était trop faible à mes yeux, mais c'est une vaillante! Merci beaucoup!
Supprimermerci pour cet émouvant témoignage et que le meilleur revienne vite pour votre maman et vous. Finalement demain je vais envoyer le test pour dépister celui du colon et qui traine depuis un mois et demi sur une étagère.....(le test)
RépondreSupprimerOui, faites le, c'est très important, même si ce n'est pas drôle d'envoyer ça par la poste...
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