Quid de l'introduction du droit à l'I.V.G dans la Constitution?
"Si l'avortement est un meurtre, alors la branlette est un génocide". Roland Magdane
Hier a été un grand jour pour la liberté des femmes françaises; en effet, comme vous avez pu l'apprendre dans les médias, l'interruption volontaire de grossesse est entrée dans la Constitution de 1958. Et, je vous le dis d'office, cela me réjouis. D'ailleurs, si vous êtes contre l'IVG, je vais sans doute vous paraitre sectaire, mais quittez de suite ce blog, d'autant plus si vous êtes un homme. Le jour où vous aurez 3,2 kg qui vous sortira de la couille, vous serez en mesure de l'ouvrir.
Quelle est la portée juridique de son inscription dans la Constitution? Je vais vous faire un petit cours de droit pour les profanes: la Constitution est la plus haute source juridique dans l'ordonnancement français. Ainsi, une loi doit obligatoirement être conforme à cette Constitution afin d'être promulguée. Et si ce n'est pas le cas? Et bien elle est anticonstitutionnel (j'ai réussi à placer ce mot sur mon blog, je suis une warrior), donc elle devra, soit ne pas être adoptée en amont, ou abrogée en aval. Et donc? Si une bande de joyeux blaireaux s'amusaient à vouloir faire passer ce genre de merdasse à l'Assemblée Nationale, ce serait niet désormais.
Pour rappel historique, il y a cinquante ans de cela, Simone Veil, alors Ministre de la santé, passait devant cette même Assemblée Nationale afin de faire promulguer la loi autorisant l'IVG en France. Et comme ça se passait avant? Et bien, pour avoir posé la question à des femmes plus âgées que moi, ce n'était pas la fête à Dédé, croyez-moi. Quelques mois avant cette loi, une jeune mariée de 19 ans qui n'avait pas encore fini ses études, s'est retrouvée enceinte. Elle en a informé sa mère, elles ont envoyé toutes les deux le père en vacances, afin qu'il ne capte rien, puis elles sont allées voir un chirurgien. Il les a orienté vers une sage-femme qui pratiquait cela. Elle lui a installé une sonde dans l'utérus afin de déclencher une fausse-couche, puis le chirurgien a pratiqué un curetage. Cette femme, je l'appelle maman. Mais ma mère a eu beaucoup de chance, car ma grand-mère avait les 5000 francs requis de coutait l'intervention, une fortune pour l'époque! Mais pour les autres, il fallait se rendre à la faculté de médecine de Marseille, qui vous pratiquaient ça à la pompe à vélo pour 500 francs. C'était moins cher, mais un peu plus douloureux, car sans anesthésie, et surtout, beaucoup plus traumatisant, avec un fort risque de stérilité et d'infection qui allait avec.
Sinon, pour d'autres, c'était la Hollande ou la Suisse, là où c'était déjà légalisé et pratiqué sans aucun problème. Mais, encore une fois, fallait-il avoir le budget pour se permettre le voyage et les frais médicaux, ce que tout le monde n'avait pas.
Certains vont ici me rétorquer qu'il faut prendre ses précautions. Ah, mais oui, c'est vrai que la contraception est une donnée exacte. Allez vous pencher sur l'indice de Pearl, si cela vous intéresse, et vous pourrez alors constater qu'aucun contraceptif n'est fiable à 100%. Et quand bien même une toute jeune fille, qui débute dans sa sexualité, aurait commis une erreur, doit-elle en payer le prix fort toute sa vie? Et en cas de viol, vous préconisez quoi? De se pourrir l'existence chaque matin en allant chercher dans le berceau un enfant qui aura la tronche de son violeur?
L'IVG est un meurtre? Non. Un embryon aussi petit n'est pas viable, arrêtons un peu les conneries, si vous le voulez bien. En ce cas, à chaque fois qu'une femme a ses menstruations, et que l'ovule n'a donc pas été fécondé, c'est aussi un meurtre. et lorsque vous vous tapez joyeusement une pignole, et que vous libérez un nombre incalculables de petits soldats (oh, un aviateur!), c'est aussi un meurtre! "Oui, mais la religion dit". Soyons bien clairs, je n'ai que faire de ce que dit le Vatican, le Consistoire Israélite, ou bien la Grande Mosquée sur le sujet, avec tous le respect que j'ai pour autant pour chaque croyant, mais je ne vis pas dans une théocratie, et je tiens à ce que les choses restent ainsi, si vous le voulez bien.
Pour un autre rappel historique, lorsque l'IVG n'était pas encore légalisée, Gisèle Halimi, alors brillante avocate, avait du défendre une jeune fille et sa mère, car elle avait toutes les deux fait en sorte que la petite puisse avorter suite à un viol. Elles encouraient toutes les deux une peine de réclusion, avec au préalable un procès aux Assises. fait encore plus scandaleux, c'est le violeur lui-même qui les avait dénoncé, tandis qu'il ne risquait alors que la correctionnel! Cherchez l'erreur! Suite à cela, les féministes se sont indignées, à juste titre, et ont fait publier un communiqué dans Libération, celui des "343 salopes", à savoir 343 femmes célèbres alors, qui revendiquaient avoir eu recours à cette intervention, bien qu'illégale.
Oh, mais maintenant, les femmes sont libres à travers le monde d'avorter comme elles le souhaitent. Pensez-vous! Allez voir comme cela se passe encore au Chili, par exemple, et revenez me voir! Aux USA aussi, ce droit régresse, en tend même à disparaitre. En Pologne, il n'est pas interdit, certes, mais rendu quasiment impossible. Quand à l'Italie, les médecins se retranchent quasiment systématiquement derrière leur clause de conscience, et, dans certaines régions, notamment en Italie du Sud, je souhaite bien du courage aux femmes qui souhaitent avoir recours à cette intervention.
Pour démonter ici un peu les conneries que l'on peut lire à droite et à gauche, non une IVG ne rend pas stérile, si elle est bien pratiquée. En pratique, aujourd'hui, la plupart des interruptions volontaires de grossesse ont lieu sous médicaments. Comment ça se passe? On vous donne un premier cachet pour stopper la grossesse, puis, 24h plus tard, un second afin d'éliminer le fœtus. Après, la femme va saigner un peu plus abondamment que pendant ses règles, et c'est tout. Un peu plus tard, un médecin va vérifier qu'il n'y a pas de résidus, et c'est tout. Il y a moins de risques de stérilité ou d'infections qu'à la suite d'un accouchement! Est-ce que ça cause le cancer du sein, comme les anti IVG ont tenté de le démontrer? Non, aucune étude sérieuse ne l'affirme. Est-ce que ça rend dépressif? Là, j'ai envie de dire que si on va culpabiliser une femme et la montrer du doigt, oui, ça peut. Mais sinon, non, à contrario d'une grossesse non voulue que l'on va faire arriver à terme. Là, par contre, ce sont des affections mentales qui peuvent poindre, sans nul doute, surtout si l'enfant à naitre est issu d'un viol, comme je le disais plus haut.
Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai avorté lorsque j'avais 18 ans. Je l'ai fait par aspiration, car, à l'époque, on ne m'a même pas proposé la solution médicamenteuse, que j'aurais sans doute choisi, plutôt que de descendre au bloc. Je suis tombée sur un gynécologue qui m'a fait une morale de dingue, tandis que le "géniteur", qui était pourtant là, n'a pas eu à subir la moindre parole désagréable. Mais, c'est vrai, j'étais toute seule pour le faire, appelez-moi Marie. Et il n'a rien trouvé de mieux que d'aller faire une partie de foot, pendant que je descendais au bloc les pattes à l'air, et que tout le monde me jugeait comme si j'étais la pire des meurtrières. Et pour finir, il m'a largué sur mon lit d'hôpital... Ca oui, c'est un traumatisme, mais je ne regrette pas un seul instant de ne pas avoir gardé un enfant avec un trou de balle pareil!
In fine, je suis très fière aujourd'hui d'être française, car la France est le premier pays à intégrer ce droit dans la Constitution. Cocorico!
Contact: chlotilderastignac91@gmail.com
Personnellement voir tous ces gens qui mènent une politique menant la France à la catastrophe, et par ricochets la liberté des femmes, ne me fait pas partager l'enthousiasme ambiant.
RépondreSupprimerL'inscription de l'ivg dans la constitution, en faisant croire que les femmes sont en danger en France(elles le sont mais pas à cause d'un risque de disparition de l'ivg) me fait penser au livre de Walter Benn Michaels la diversité contre l'égalité, ici le sociétal comme coup de com' et pendant ce temps l'accès au soin est de plus en plus compliqué, les déserts médicaux progressent, il n'y a plus de formation de gynéco en France grâce à l'europe, les femmes ne peuvent plus sortir après 22h dans certains endroits de France, ne peuvent pas porter de jupes, elles sont remplacées de plus en plus par les Trans(donc par des hommes) au nom d'un progressisme qui l'est tout autant que le communisme, ne reste plus que le symbolique pour faire croire que....
Par ailleurs, au delà du simple sujet de la constitutionnalité de l'ivg(constitution qui peut être piétinée selon les désidératas du pouvoir en place, se rappeler du bafouement du referendum de 2005 sur l'établissement de la constitution Européenne) je trouve qu'il y a une forme d'hypocrisie à ne pas nommer un chat un chat, chose assez inquiétant tant cette pensée est présente sur à peu près tout les sujets(je pense notamment à ceux parlant d'une guerre nucléaire comme on irait à la pêche aux moules), l'ivg n'est pas anodin et ce n'est pas dire cela que l'on serait contre cette pratique.
Un embryon en formation n'est pas un spermatozoide, une simple cellule, sinon pourquoi ne pas autoriser l'ivg à 6 mois? Même si il est dorénavant autorisé à 9 mois(sous des raisons tellement vagues), pour le coup, je le dis en pesant bien mes mots mais à ce stade là pour moi c'est un meurtre. L'ivg a totalement dévié de son but initial et je doute que Simone Veil serait enthousiaste de constater la situation en France.
L'ivg est selon moi un "mal" nécessaire, une tragédie si vous voulez que l'on doit accepter socialement, mais cela ne doit pas empêcher la recherche de possible alternatives à l'ivg afin d'avoir le plus possible un choix éclairé. Combien de femmes auraient gardé leur futur enfant si économiquement elles étaient soutenues, aidées pour alléger cette charge non prévue?
Ni mettre sous le tapis une certaine réalité, qu'une ivg n'est pas une opération pour enlever un ongle incarné. Certaines femmes peuvent vivre assez mal le décalage entre ce discours, et la réalité qu'elles découvrent une fois seule chez elles au dessus de leur wc.
Au fond, ne pas prendre les gens pour des enfants est peut être la principale garantie dans la défense de certains principes sociétaux.
Pour finir, si je devais faire un voeux cela serait que vous intégriez dans votre futur ouvrage un chapitre consacré à l'analyse du féminisme anglo saxon et scandinave et voir ce que vous en pensiez, y voyez vous de possibles dérives et conséquences délétères pour les femmes en axant ses actions sur le symbolique, ou en niant les principaux dangers qu'encourent les femmes actuellement et demain(j'aurai pu citer la décroissance)
Je ne peux pas politiser ce blog, comprenez moi. Je ne vois pas en quoi les femmes sont remplacées par les Trans, et, juridiquement, une femme trans est une femme. Non, ce n'est pas une nouveauté, la situation a été prévue depuis le Code civil de Napoléon, donc depuis 1804. L'IVG n'est pas autorisé à 9 mois vous devez confondre avec l'IMG, qui n'est pas du tout la même chose. Oui, on le pratique lorsqu'on sait, par exemple, qu'un enfant mourra deux heures après sa naissance, parce qu'il n'a pas de poumons. Donc on décide d'épargner des souffrances physiques et psychologiques et aux parents, et à l'enfant à naitre. Pour l'IVG, c'est 14 S.A. Et c'est bien que ça reste ainsi, car cela nous renvoie aux douze semaines de grossesses, là où l'enfant n'en est pas encore un, où il n'a pas encore d'existence juridique. Oui, bien sûr qu'il existe des femmes qui avortent pour des raisons économiques! mais il y a aussi des femmes qui le font car elles tombent enceinte au moment de se séparer, parce qu'elles ont subi un viol, voire un viol incestueux, parce qu'elles n'ont que 16 ans et des études à terminer, parce que... Non, ce ,'est pas une opération pour un ongle incarné, mais, médicalement parlant, ce n'est pas non plus une opération à coeur ouvert. D'ailleurs, ce n'est même pas une opération quand c'est pratiqué par médicaments. Et comme, dans la majorité des cas, c'est pratiqué très tôt, nous n'aurons même pas à nous mettre au dessus des chiottes en souffrant le martyre, et pas à nous faire culpabiliser et à déclencher une dilation de l'utérus car les médecins ont tardé pour vous le faire, tout en vous faisant la moral, comme je l'ai vécu en 2002, avant que la loi de 2009 en la matière soit promulguée. Ca, oui, c'est traumatisant. Je suis désolée, mais vous ne pouvez pas dire ce qui est traumatisant pour une femme ou pas. Que l'on vous traite comme une criminelle l'est bien plus que de devoir se séparer de quelque chose qui va vous niquer la vie quand il n'est pas voulu.
SupprimerJe n'avais pas l'intention de mêler la politique a votre blog, je m'en excuse si cela a pu etre prit comme ca, ou si j'ai pu manquer de tact.
SupprimerJe conclurai juste avec l'img, qui ne concerne plus uniquement les cas extrêmes que vous décrivez, il a été élargit à des raisons de detresse psycho sociales, ce qui est assez vagues et risque de déboucher sur des choses tendancieuse.
Chère Agent Chlotilde,
RépondreSupprimerC'est effectivement une bonne chose de faite, n'en déplaise à ceux dont les commentaires acerbes (pour ne pas dire aigris, en mélangeant tout et n'importe quoi) montrent qu'il existe toujours des hommes pour prétendre déterminer à la place des femmes ce qui est bon pour elles...
Je suis suffisamment vieux pour me rappeler, alors adolescent, les débats enflammés qui ont agité l'Assemblée Nationale à l'époque du vote de la loi Veil, y compris les insultes nauséabondes dont Simone Veil fut la cible.
Je terminerai en vous renvoyant, si vous ne l'avez pas encore vue, à l'impressionnante et émouvante allocution au Congrès à Versailles du sénateur Claude Malhuret, médecin co-fondateur dans sa jeunesse de l'ONG Médecins sans Frontières. Après ça, on n'a même plus envie de perdre son temps à répondre aux grincheux et autres pisse-vinaigre...