8 mars dans ta face!

 

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"Bien sûr! Le féminisme est un mouvement historique profond, qui a déjà changé radicalement le visage de nos sociétés" Sylviane Agacinski

Le 8 mars, qu'est-ce que c'est? Non, ce n'est pas la journée des femmes, comme on l'entend souvent. Non, ce n'est pas le jour où je souhaite que l'on m'offre des fleurs, mais des droits. Et ce n'est pas le jour non plus où j'ai envie de voir des promotions sur les aspirateurs dans les supermarchés, oui,  certains ont osé! Car c'est la journée internationale des droits de la femme. 

Est-ce que je suis féministe? Oui, et je pense que je le revendique assez sur ce blog. Ca vous fait peur qu'une femme ose dire qu'elle souhaite avoir ce que les hommes ont? Non, je ne veux pas pisser debout et pouvoir me gratter les couilles le matin, car je n'en ai pas, et n'en aurais jamais. Pour autant, est-ce que les hommes ont le droit de me traiter comme inférieure? Je ne crois pas. 

Certes, oui, vous avez la force physique pour vous, car vous avez à votre avantage ce que l'on appelle la dysmorphie de genre, et votre corps possède en moyenne 800 fois plus de testostérone que le mien. Pour autant, je souhaite vivre dans un monde évolué, une société où ce n'est pas la loi du plus fort physiquement qui prime. 

Alors oui, c'est parfois un mot qui effraie et qui attise la curiosité, quand ce n'est pas la haine dans le regard de certains hommes, mais pas tous, fort heureusement, car beaucoup ont aussi compris que ce combat n'est pas de les inférioriser, mais de faire de nous des humains avec qui ils peuvent et doivent fonctionner en équité. 

Ainsi, oui, je reste et je demeure féministe, et ce sera le cas tant que, de par le monde, et même parfois en France, on pratiquera l'excision sur des petites filles. C'est une mutilation qui consiste à couper le clitoris afin de supprimer le plaisir sexuel chez une femme en devenir, afin d'éviter, soi disant, l'infidélité. Rien que dans notre pays, ce seront 800 fillettes en moyenne qui subiront cette mutilation chaque année. 

Je resterais féministe tant qu'une femme dans le monde subira le viol, surtout lorsque son bourreau ne sera jamais condamné. Et il est hors de question de continuer à entendre un foutu "Oui mais". Oui mais, comment était-elle habillée? Oui, mais, elle ne l'a pas un peu cherché? Oui, mais, elle a suivi son agresseur chez lui. Oui, mais il en va de son devoir conjugal. Oui, mais... Non, il n'y aura plus de "Oui, mais". Le sexe, c'est quand nous voulons, avec qui nous voulons. Et si c'est oui aujourd'hui, ce sera peut-être non demain. 

Je resterais féministe tant qu'à compétence égale, diplôme égal et expérience égale, nous n'aurons pas un salaire égal. En France, les femmes sont payées en moyenne 25% en moyenne que les hommes, en tenant compte de ces éléments, cela va de soi. Vous voulez connaitre le prix d'une teub? Vous l'avez.

Je resterais féministe tant qu'une femme subira le body couting, le slut shaming et le revenge porn. Qu'est-ce que sont ces trois termes. Pour le premier, C'est le fait que, pour une femme, de se voir imposer un nombre maximum de partenaires sexuels, sinon et bien... C'est une grosse salope qui n'a plus aucune valeur! Tandis que les hommes, eux, à nombre égal, passent pour des playboys! Pour le second terme, c'est le fait d'afficher une femme, justement comme une moins que rien, parce qu'elle a eu le malheur de coucher avec trop d'hommes, ou bien avec un qui l'affichera pour lui coller la honte, alors qu'il était bien content de l'avoir dans son lit. Et pour le troisième, c'est le fait d'aller transmettre des photos ou des vidéos intimes que l'on a obtenu par la confiance afin de ruiner la réputation d'une femme. Et c'est bien pourquoi, pour ma part, je ne transmet cela que lorsque je suis en entière confiance. Comme ça, au passage, une journaliste suédoise a fini par en arriver au suicide à cause d'un ex très peu délicat! 

Je resterais féministe tant qu'une femme crèvera sous les coups de son conjoint. Dans notre pays, ce ne sont pas moins que 134 femmes qui ont trouvé la mort sous les coups d'un partenaire ou ex partenaire. Et après, on condamne Jacqueline Sauvage ou Valérie Bacot qui, après avoir subi des horreurs, un jour, trouvent le courage de se rebeller. C'est, à mes yeux, juste de la légitime défense! 

Je resterais féministe tant qu'une femme subira des violences gynécologiques. J'ai moi-même pris dans la gueule de la part d'une gynéco (oui, une femme!) à la suite d'une fausse-couche. Bravo! Change de métier et va cueillir des salades, connasse! Savez-vous ce qu'est de subir ce type de choses pendant un accouchement? Combien d'obstétriciens vont imposer le sanglage abdominal pendant la délivrance, alors qu'il est désormais interdit? Ou bien une petite épisiotomie, tandis que cet acte n'était en aucun cas nécessaire? Pourquoi? Juste pour aller plus vite et rentrer plus tôt à la maison! Quand ce n'est pas carrément un praticien qui a carrément des gestes déplacés, qui sont en fait une agression sexuelle, voire un viol, tandis que nous sommes vulnérables, les pattes écartées sur une table d'examen avec les pieds dans les étriers! 

Je resterais féministe tant que l'IVG ne sera pas possible pour chaque femme de par le monde. Savez-vous qu'au Chili, par exemple, rien qu'une fausse-couche qui pourrait paraitre suspicieuse, c'est une peine de prison très lourde qui attend les femmes? Savez-vous qu'au Texas, aussi, l'IVG reste totalement interdite, et que certains médecins qui pratiquent l'avortement dans certains états des U.S.A se font butter par des fanatiques? Et ils ne font pas de distinction en cas d'inceste ou de viol! Savez-vous, qu'en France, certains pharmaciens voulaient refuser, il y a quelques années, de délivrer la pilule du lendemain? 

Je resterais féministe tant qu'une femme aura à subir des violences physiques ou psychologiques du seul fait de sa tenue vestimentaire. En effet, dans certains endroits, il peut être dangereux d'arborer une simple pantalon, comme au Soudan, par exemple, ce qui peut valoir 50 coups de fouet. En Iran aussi, des femmes (mais aussi des hommes) sont en train de se battre pour le régime des Ayatollah n'impose plus le voile comme une obligation, mais un choix. Il en va de même pour que les femmes qui souhaitent se voiler puissent le faire. Ca vous choque? C'est leur choix, tant que le visage reste visible, pour des raisons évidentes de sécurité. On emmerde moins quand c'est un bonhomme qui décide de porter le qamis, qui est pourtant religieux, lui aussi.  En France, nous sommes plus hypocrites, car nous réprouvons le voile, mais aussi la femme qui porterait des tenues trop courtes ou jugées trop provocantes. On se sape comme on veut! 

Je resterais féministe tant que le harcèlement de rue sera notre pain quotidien dans l'espace public et dans les transports en commun. Le droit de draguer? Non, moi, j'ai le droit de ne pas être importunée, et votre liberté s'arrête là où commence la mienne. 

Je resterais féministe tant que la charge mentale du foyer et des enfants continuera à peser en grande majorité sur nos épaules dans l'immense majorité des couples. Non, nous ne sommes pas nées avec le gène du ménage dans notre ADN car nous sommes dotées d'un vagin. 

Je resterais féministe tant qu'une personne qui souhaite se prostituer ne peut pas le faire sans subir l'interdiction, l'opprobre et le jugement négatif d'autrui. Mon corps? Mon choix. 

Je resterais féministe tant qu'une femme dans le monde ne pourra pas bénéficier du droit de vote du seul fait de son sexe. Nous avons du attendre, en France, le 21 avril 1944, pour que les femmes puissent avoir le moyen de s'exprimer à travers les urnes, mais ne vous sortez pas de l'esprit que ce n'est pas le cas dans tous les pays à travers le monde! 

Je resterais féministe tant qu'une seule femme dans le monde subira le mariage forcé, comme c'est par exemple bien souvent le cas en Inde ou au Pakistan. Nous ne sommes pas des marchandises à vendre entre familles, ou bien pour arranger les affaires de nos pères, faire la fierté de nos proches en nous soumettant à une union avec un gars à qui nous n'avons rien à dire, qui va bien souvent nous imposer des rapports sexuels dont nous ne voulons pas dans le cadre d'une hyménée non consentie. 

Je resterais féministe tant que les jeunes garçons ne seront pas éduqués afin de respecter les femmes. Les choses évoluent? Oui, mais pas assez à mon gout quand je sais que je dois encore souffrir de ces discriminations du seul fait de mon genre. Nous sommes une minorité qui est en fait une majorité, ne l'oubliez pas. 

Il va de soi qu'il y a aussi des hommes biens, notamment ceux qui nous soutiennent à travers ces différentes causes, et non, tous les hommes ne sont pas des violeurs, des machos, des salops qui frappent et profitent de leur supériorité physique. Comme le rappe l'artiste Chilla, dans Sale chienne, il y a aussi l'ami, le bon mari, le frère et le père...

Cette journée est aussi l'occasion de lire ou de relire, sur ce blog la petite histoire que j'avais créé en huit parties, et qui traite des différents sujets du féminisme. Elle se nomme "Inversons les rôles". Et sachez aussi que le féminisme sera le sujet de mon prochain livre (qu'il faudrait que je termine). 

LE COMBAT CONTINUE

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