La punterview de Stanley

 


"La prostitution est une des rares professions qui soient demeurées très artisanales en dépit du progrès technique". Philippe Bouvard

Aujourd'hui, c'est Stanley qui s'est prêté à l'exercice de mon interview. Comme d'habitude, mes interventions seront en italique, tandis que les siennes seront en caractères classiques, et ce, afin de vous offrir plus de clarté. 

Coucou ça va?

Oui et toi?

Ca va bien, merci. Déjà, c'est gentil, merci beaucoup de me répondre. 

Je t'en prie. 

C'est très sympa, j'espère que tu  vas bien, bonne année. 

Toi aussi, de même, meilleures vœux. Joie, bonheur et santé. 

Tu es dans quelle tranche d'âgé, à peu près?

Sexagénaire. 

Tu as connu comment ce milieu?

En fait, je connais depuis longtemps, depuis très jeune, parce que j'ai perdu mon pucelage étant adolescent avec une prostituée. Donc, ça fait des décennies que je fréquente ce milieu. Et puis, vers les années 2005 environ, 2005-2007, j'ai abandonné progressivement la prostitution de rue pour fréquenter la prostitution par internet, donc avec les sites d'escortes et des choses comme ça. 

Et qu'est ce que ça a changé, la prostitution de rue, par rapport à la prostitution sur internet?

Ou c'est plutôt l'inverse. C'est l'inverse, parce que ça a évolué avec une forme de fréquentation qui était assez rapide, c'était en fait la passe plus ou moins classique, plus ou moins longue, qui a évolué petit à petit vers des rencontres de plus longue durée, vers plusieurs heures, et, où là, il n'y avait pas que le côté sexuel qui entrait en jeu.  Il y avait autre chose, c'est ce qui m'a plu. 

D'accord. Mais au niveau des tarifs, ça a changé quand même?

Oui, au niveau des tarifs, ça a changé, d'autant plus que moi, j'ai commencé, c'était encore les francs, et ensuite, il y a eu le passage à l'euro. Donc, en fait, j'ai commencé à fréquenter la prostitution par internet, puisque c'était les années 2005, on était déjà passé à l'euro, et pour moi, ça a fait une différence, mais bon, il se trouve que j'étais un privilégié qui avait les moyens de s'offrir ces plaisirs, même si je suis resté en permanence sous contrôle budgétaire en tenant une comptabilité de mes dépenses. Je me considère parmi les privilégiés. 

D'accord, donc tu penses qu'il faut quand même appartenir à une bonne catégorie socio-professionnelle, on va dire, pour pouvoir se permettre ce genre de loisirs? 

Voilà, si on veut s'offrir des prestations un peu haut-de-gamme avec des femmes qui sont sur le haut du panier, pas seulement par leur physique, mais aussi par leur personnalité, leur niveau culturel, leur niveau universitaire, leurs diplômes, je pense qu'il y a, malheureusement, toujours cette sélection par l'argent. Je sais que ça peut être une injustice pour beaucoup d'hommes qui n'ont pas, qui ont des ressources limitées, mais malheureusement, les choses sont comme ça. 

L'injustice existe pour tout; quand tu as de l'argent, tu ne vas pas aller dans le même restaurant que celui qui n'en  a pas, tu vas pas avoir les mêmes habits... C'est sur tout, tu vas pas avoir le même appartement, ou la même maison, enfin, voilà quoi...

L'injustice économique est applicable dans tous les domaines de la société ou de la vie. 

Bien sûr. Tu es sur le forum escort.fr.net, on n'en fait pas mystère. Comment tu as connu ce forum? 

je l'ai connu un petit peu par hasard, puisque je me suis inscrit pour la première fois, c'était en 2007, et donc j'ai connu à cette époque où j'étais dans cette phase de transition de quitter progressivement la prostitution de rue pour m'intéresser à la prostitution par internet. Le fait d'explorer un peu les sites, les différents supports m'ont fait découvrir ce forum. Voilà comment je me suis inscris. Et il m'a été extrêmement utile, parce que c'est comme ça que j'ai pu connaitre un certain nombre de femmes, dont je me suis rendue compte, m'ont beaucoup apporté, car c'était des femmes, des jeunes femmes assez exceptionnelles, non seulement sur leur comportement sur le plan charnel et leur appétence pour les plaisirs du sexe, mais parce que, souvent, et même dans la plupart des cas, des jeunes femmes brillantes et intelligentes et aussi capables de beaucoup d'empathie et de bienveillance. Et ça m'a énormément apporté, pas seulement sur le plan du plaisir sexuel sur du court terme, mais ça m'a aussi enrichi sur ma compréhension des femmes, du monde de la féminité, et je leur en suis très redevable. 

J'en suis arrivé à un stade où la bienveillance dont elles ont fait preuve à mon égard, et bien j'ai envie de leur rendre, de rendre ça eux femmes que je fréquente dans le cadre d'un service sexuel tarifé. 

Qu'est-ce qui va faire que tu vas choisir une personne et pas une autre? 

Alors, mes critères, c'est que ce soit d'abord une indépendante, française, ou, si elle n'est pas française, que ce soit une étrangère installée en France depuis longtemps, de telle sorte qu'elles puissent pratiquer cette activité en toute indépendance. Il y a, bien entendu, des critères physiques, il faut qu'elles m'attirent, et puis, même si je me définis comme un privilégié sur le plan de mes possibilités budgétaires, je n'accepte pas n'importe quel tarif, donc j'ai des limites. J'accepte de payer par rapport à un temps de prestation acheté, voilà. 

Physiquement, quels sont les critères que tu vas sélectionner plus ou moins? 

Alors, en fait, j'ai pas de critères bien définis. Sur le plan de l'attirance physique, moi, j'applique un peu le principe du "Peu importe la couleur du chat, pourvu qu'il attrape les souris". C'est-à-dire qu'il faut que la fille me plaise, avec des physiques diversifiés, tant que ça reste dans la limite d'une silhouette harmonieuse, dans aucun extrême si tu veux, ni trop maigre, ni trop corpulente, que ce soit quelque chose d'harmonieux, voilà. 

Là , pour toi, les filles de rue, c'est définitivement terminé, en fait? 

Ah oui! Je crois que la dernière fois que j'y suis allé, ça devait être en 2008-2009, et depuis cette date, je ne suis plus jamais retourné voir une fille de rue. 

Qu'est-ce que tu penses de la réouverture des maisons closes? Bon, ce n'est pas pour demain, ni pour après-demain, en France, on est bien d'accord, mais qu'est-ce que tu penserais de la réouverture des maisons closes, toi? 

Je pense que ce serait une solution acceptable pour que les prostituées puissent pratiquer leur activité dans des conditions de sécurité et  d'hygiène optimales. C'est pas forcément la solution pour toutes, parce que j'imagine que toutes les prostituées ne souhaitent pas exercer dans le cadre d'une maison close. Je pense que certaines préfèrent conserver leur parfaite indépendance, mais je pense que ça apporte, en tout cas, ça apporterait un certain nombre de critères de sécurité pour leur activité. 

Tu as vu, tu es au courant qu'il y a eu une  loi qui est passée depuis 2016, donc tu étais en plein dedans. Qu'est-ce que tu en penses, de cette loi? 

La loi de pénalisation des clients, puisque c'est comme ça qu'on l'appelle, est une loi idéologique, et, à ce titre, elle est contreproductive, puisqu'elle créé plus de problèmes qu'elle n'apporte de solutions. C'est une loi qui a été mise  en avant par une partie du mouvement féministe, j'ai bien dit une partie du mouvement féministe, parce que le mouvement féministe est traversé par des divergences, je dirais, sur ce point-là, et c'est la frange la plus radicale et la plus idéologique qui a réussi à faire approuver cette loi par le Parlement. Tout part, en fait, d'un dogme idéologique qui me parait... Je l'ai dit, c'est contreproductif, et donc, comme tout dogme idéologique, que ce soit dans le domaine de la prostitution, comme dans d'autres domaines, lorsqu'on applique les idéologies dans la gouvernance, ça ne peut produire que des catastrophes. Je pense que le problème de la prostitution, qui ne sera jamais abolie, il faut être réaliste là-dessus, je pense que ce problème là doit être abordé, comme beaucoup de sujets, avec pragmatisme, et sans idéologie. On sait ce que l'application des idéologies a produit comme catastrophes abominables dans l'Histoire du XXème siècle en Europe et, su ces aspects-là, je suis devenu un incorrigible pragmatique. Je pense que ces idéologies devraient être réservées à des discussions philosophiques, littéraires, universitaires, mais certainement pas appliquées à un mode de gouvernance. 

D'accord. Et comme tu es sur forum, est-ce que tu penses (mon ton est ici très ironique) vraiment que tout ce qui est marqué sur les forums est vrai? 

Je pense qu'il y a beaucoup, je ne sais pas si c'est beaucoup, il y a une proportion non négligeable d'affabulations qui est produite, en fait, par des individus, dont j'ai compris, qu'en réalité, ils n'avaient jamais rencontré de prostituées de leur vie. 

Ouais, c'est ce qu'on appelle dans le jardon, des fantasmeurs, quoi. 

Tout à fait. Tout à fait, c'est le cas. Alors, après, avec le recul et avec l'expérience, puisqu'avec mon historique de fréquentations, je commence à pouvoir bien discerner ce qui est vrai de ce qui est du fake, voilà, donc je sais faire le tri, quoi. 

Ouais, c'est vrai. Je pense qu'il y  en a de plus en plus, que ça c'est démocratisé, donc, en tout cas, les forums de discussion, les sites se sont démocratisés, je dis pas les rencontres, et c'est vrai qu'on a une proportion effarante, à l'heure actuelle, de fantasmeurs. Et tout le monde peut marquer n'importe quoi sur une nana, et puis s'en donner à cœur joie. 

Malheureusement, le monde de la prostitution est également la victime d'une nouvelle calamité du XXIème siècle que sont les réseaux sociaux. Alors, moi, effectivement, j'appartiens à une génération qui a grandi, qui a passé sa jeunesse, sans internet, sans téléphone portable, et donc, sans réseaux sociaux. Et je pense que c'est une véritable calamité; je dirais, pour être caricatural, que le XXème siècle a connu deux guerres mondiales et le feu nucléaire, le XXIème siècle a les réseaux sociaux comme fléau, voilà. Et ça, ça impacte aussi tout ce qui relève de la prostitution sur internet, où on a le déversement de haine, de fausses nouvelles, d'agressivité, tous les bas instincts de l'humanité qui se déversent vie les réseaux sociaux, et ça arrive sur des forums de prostitution, bien entendu. 

Raconte-nous ta pire expérience. 

En fait, j'ai pas de souvenirs de pire expérience, je n'ai pas réellement de pire expérience dans ma fréquentation de la prostitution par internet. Je peux avoir eu des expériences décevantes et, à ce titre, je n'ai pas eu envie de les renouveler. Non, les pires expériences, c'était dans la prostitution de rue où, dans beaucoup de cas, on se faisait arnaquer parce qu'on trouvait des filles qui pouvaient avoir un comportement très racoleur dans la rue, et après arrivé en chambre, va chercher à extorquer le maximum d'argent pour en faire le minimum. Ca, c'est les pires expériences, mais à titre de pire expérience dans la fréquentation de prostitution par internet, oui, je pourrais citer un exemple que tu connais dont on a déjà parlé, mais on va pas entrer dans les détails, parce que c'est pas vraiment lié à la qualité de la prestation de prostitution. C'est lié à d'autres problèmes, à d'autres facteurs, et je pense pas que ce soit utile que tu le publies, en tout cas sur mon témoignage. 

D'accord, je vois de quoi tu veux parler, et de qui tu veux parler, ouais... J'ai bien compris... J'ai une mémoire d'éléphant (Rires). 

Et, rien que pour ça, c'est une mauvaise expérience. 

D'accord, et ta meilleure expérience? 

J'ai pas de meilleure, j'ai plusieurs meilleures expériences. En, fait, mes meilleures expériences, ce sont quelques filles que j'ai rencontré à de nombreuses reprises, dont certaines, je les connais depuis une quinzaine d'années, on s'est rencontrés plusieurs dizaines de fois, on a passés des nuits ensembles, on est partis en week-end à l'étranger, et, quand on arrive à ce degré de connaissance, il y a un certain nombre de barrières qui tombent les unes après les autres, ce qui fait qu'on arrive à bien se connaitre, à bien connaitre la vie privée pratiquement l'un de l'autre, à s'accueillir à nos domiciles privés et à faire évoluer la relation qui restait sur le plan purement sexuel, qui restait tarifée, mais il se développait une sorte de relation différente, voilà, spéciale, innovante, et c'est vraiment, mes meilleurs souvenirs. 

Donc, tu disais, sur des rencontres de plusieurs jours, des nuits... Mais, à ce moment-là, c'est plus sexuel, seulement? 

Ah, ce n'est plus sexuel, ça devient une relation amant-maîtresse, même s'il y a toujours l'enveloppe, et aussi, on finit par se revoir comme si on étaient deux vieux amis qui, quand ils se revoient, se donnent des nouvelles de leurs familles respectives, tu vois. On rentre dans des domaines qui sont totalement hors cadre et ça fait vraiment des bons souvenirs. Et je sûr que c'est pas qu'on bon souvenir pour moi, mais c'est aussi un bon souvenir pour celles qui m'ont accompagné dans ces expériences. 

Donc, tu disais que, des fois, tu as des relations privilégiées un petit peu, on va dire, parce que ça fait longtemps que tu connais les personnes. 

Ah  tout à fait, absolument! Et je pense pas être le seul dans cette situation. 

non, vraiment pas, je pense pas non plus. Au bout d'un moment, on se connait, on se côtoie, et on arrive à avoir un peu plus qu'une simple relation basée sur l'argent et sur l'aspect sexuel. 

Oui, parce que je suis convaincu qu'il y a un certain nombre d'hommes de ma génération qui ont des gouts similaires aux miens en terme de fréquentations féminines tarifées, et qui ont aussi développé ce type de relations privilégiées.

Et, pour toi, est-ce que tu penses que, pour toi, au bout d'un certain âge, une nana doit s'arrêter, ou est-ce que tu penses que, passé un certain âge, elle peut continuer? Parce que je le vois beaucoup, et moi, ça me choque, car je vais être bientôt quadragénaire. Donc, est-ce que tu penses que, passée 40 ans, passée 35 ans, ou même passée 30 ans, c'est fini, stop, on arrête? 

Tant qu'une femme plait aux hommes, elle fait ce qu'elle veut, elle continue si elle en a envie. En, fait, ta question est curieuse (Rires), parce que la prostituée est la seule décisionnaire de la date à laquelle elle va arrêter son activité.

De la date de péremption, on va dire...

Pas de péremption, car péremption, ça renvoie à la notion que c'est plus utilisable, entre guillemets.

Ouais, ouais, je vois.

Alors qu'il y en a qui décident d'arrêter et qui ont conservé un sex-appeal absolument dévastateur!

Oui, mais alles arrêtent pour d'autres raisons... Enfin, bref, on n'est pas toutes égales face à ça, et pas toutes égales face à la date à laquelle on a envie d'arrêter, je dirais. 

Oui, dans la plupart des cas, ce sont des raisons d'ordre privé. 

C'est vrai. Et, selon toi, quelle vision tu as des filles qui font ça: est-ce que ce sont des femmes qui sont intelligentes? Est-ce qu'elles sont totalement stupides...?

De mon expérience, comme je l'ai dit tout à l'heure, dans la prostitution sur internet, j'ai été impressionné par celles que je fréquentais! C'est aussi pour cette raison-là que j'avais envie de les revoir, c'est aussi pour cette raison-là que j'ai voulu faire la connaissance de certaines, car je trouvais leurs interventions sur le forum pleine de finesse et d'esprit, d'intelligence, de compréhension du fonctionnement masculin. C'est aussi pour ces raisons que j'ai eu envie de les rencontrer. En fait, une idée que j'ai, c'est que trouve que les prostituées représentent une avant-garde du féminisme, parce qu'elles assument jusqu'au bout leur condition de femme, jusqu'au stade où elles décident d'elles-mêmes d'accorder leurs faveurs sexuelles à un homme moyennant rémunération. Et je pense qu'aller jusqu'au bout de ce parcours, c'est pas à la portée de n'importe qui. 

Ben, j'avais vu une féministe, justement, on se fait une mauvaise idée du féminisme, qui disait attention, le féminisme s'est aussi basé sur la prostitution, parce que les filles qui font ça, sont plus à même. Elles sont plus au contact des hommes... C'étaient pas les bourgeoises qui restaient à la maison qui ont pu amener certaines formes de féminisme, justement.

Tout à fait, c'est exactement ça. Et en fait, là où je leur suis reconnaissant, c'est qu'en fait, tout mon parcours de vie depuis ma jeunesse, mon enfance auraient du me conduire à haïr les femmes, la fréquentation des prostituées m'a conduit à les aime. Je suis arrivé à un stade où j'aime les femmes, et je pense que j'aime les femmes parce que j'aime les prostituées, et j'aime les prostituées parce que j'aime les femmes. Je pense qu'il y a beaucoup d'autres hommes, à mon avis, qui ont aussi cette vision, parce qu'ils ont un recul assez important par rapport à cette fréquentation. En tout ca, elles m'en ont appris sur moi-même, et dans nos discussions, il y en a beaucoup qui m'ont dit "Mais tu sais, moi aussi, j'en ai appris sur moi-même en pratiquant cette activité.". 

Et sur les hommes aussi. 

C'est assez complet, assez long malgré tout, parce que quand je l'écrit, c'est beaucoup plus long que ça en a l'air! Qu'est-ce que tu aurais à rajouter pour la fin? 

Ca été pour moi une belle expérience de vie, en fait. Je pense que, lorsque ma dernière heure sera venue, je penserais beaucoup à toutes celles qui m'ont fait vivre ces moments, parce que ça a été vraiment  des moments de grâce. 

Ok.

FIN

Je tiens à remercier de sa sympathie et de son temps Stanley qui m'a accordé cet échange, ainsi que son point de vue. En toute logique, c'est lui a choisi la musique de fin. 

Si vous souhaitez participer, vous pouvez me contacter par courriel: chlotilderastignac91@gmail.com










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