La punterview de Pianist 75
"Autant d'avis, autant d'individus. A chacun sa règle". Térence
Cette fois-ci, c'est Pianist 75 qui m'a sollicité afin de répondre à ma punterview, et je l'en remercie. Comme d'usage, mes intervention seront en italique, tandis que les siennes en caractères classiques.
Donc, déjà merci de répondre à mon interview, enfin, de m'avoir sollicité pour ça, c'est très gentil. Donc, vous avez quel âge, à peu près?
J'ai 63 ans.
D'accord. Et vous avez connu le milieu il y a combien de temps?
Et bien, depuis les années 80. Assez jeune, en fait.
C'était comment, la première fois? Dans la rue?
Ecoutez, franchement, la première fois, je m'en souviens plus, mais je pense que c'était surement dans la rue, oui. Je pense que c'était autour de la Porte Maillot, à l'époque, ou de la porte Dauphine.
C'était des spots, comme on dit?
Voilà, absolument. A l'époque, même le minitel n'existait pas encore. Donc, en 78-80, ou bien, on allait rue Saint Denis, ou bien on était en voiture. Moi, je finissais un peu par connaitre les dames ou demoiselles qui étaient là. A cette époque-là, j'ai fait de très belles rencontres aussi, même s'il n'y avait pas encore de possibilités de dialogue approfondi, on va dire.
C'était assez rapide, assez succinct, à cette époque-la?
Vous voulez parler des rencontres?
Oui.
Pas forcément, non, non. Pas forcément. Je me souviens de rencontres très sympathiques, très conviviales, où la dame en voiture, nous amenait dans son studio, par exemple, avec un peu une sorte d'ambiance scénarisée, quelque part. Pour un tout jeune homme, aller avec une femme un peu plus mure que lui, c'était très excitant.
Vous avez basculé ensuite par le Minitel, d'abord, je suppose?
Oui, en fait, ce qui m'a amené, c'est pas tellement... Moi, j'avais des petites copines, ou autres sans trop de soucis. C'est pas la frustration qui m'a amené à aller voir des prostituées, mais c'était, on va dire, la réalisation de fantasmes, voilà, de vivre certaines choses qu'on ne vit pas forcément avec les gens qu'on rencontre tous les jours. Et ça m'a permis de rencontrer des gens que j'aurais jamais rencontré autrement.
Et après, vous avez basculé par le Minitel?
Oui, alors, le Minitel, c'est arrivé dans les années 84, peut-être, 83-84, je sais plus exactement, et là, c'était un petit peu différent, parce qu'on rencontrait des libertins, beaucoup. Même les prostituées qui y étaient, c'était plutôt des femmes qui essayaient de mélanger le plaisir et l'argent, on va dire. Donc, parfois, il y avait même des couples avec des maris voyeurs. J'ai rencontré même, pour illustrer ça (moi, je suis pianiste classique), et, à cette époque-là, il y avait une pianiste qui était une grande libertine, mais ça, je le savais pas. Donc, un jour, j'ai cette dame qui me donne rendez-vous à l'opéra, auquel je vais, et je tombe sur cette pianiste assez connue et qui était très libertine, et qui adorait l'idée de la rencontre vénale. C'était un fantasme, quoi. A l'époque, on rencontrait aussi ce genre de choses.
Et après, vous êtes passé à internet?
Ben après, progressivement. Disons que le monde a changé aussi, en fait. Si je voulais vous parler, c'était pas forcément pour raconter mon expérience personnelle, enfin si, on est d'accord, mais on va dire qu'il y a eu un changement depuis toutes ces années. Parce que là, on fait un bilan sur plus de quarante ans avec une société qui a changé, avec des libertés qui ont changé, avec des mœurs qui ont changé aussi, pas forcément dans le bon sens, et aussi, avec des rapports entre les hommes et les femmes qui ont changé. Donc, forcément, tout cela a changé les rapports par rapport aux rencontres ou aux prostituées qu'on pouvait rencontrer.
Aujourd'hui, je fais beaucoup moins de rencontres. Je fais beaucoup moins de rencontres, parce que j'ai l'impression, mais on vit toujours la vie selon son prisme à soi, j'ai l'impression que les femmes que l'on peut rencontrer, ça ne m'intéresse pas toujours, parce que, que ce soit vénal, c'est une liberté, au contraire, je trouve. Ca permet d'avoir des rapports des fois encore plus approfondis, parce qu'on sait que l'argent va faire que la relation va en rester à un certain état, vous voyez. Mais il y a aussi tout un tas de rôles agent qui ne sont que d'argent, et dans lequel, effectivement, le moment passé ensemble n'a aucun intérêt, ni pour l'un, ni pour l'autre. Et je trouve qu'aujourd'hui, c'est assez généralisé en réalité.
Moi j'ai des amies qui sont très contentes quand on se voit,, on prend beaucoup de plaisir ensemble, on partage un bon moment, comme on aurait pu partager un bon moment au restaurant, si vous voulez. Et bon, il y a l'argent, certes, mais il y a une relation qui peut durer des fois depuis longtemps ou pas, mais il y a une sorte de sincérité quelque part, dans ce rapport.
Donc, effectivement, pour revenir au passage à internet, le passage à internet est devenu une vie plus organisée, plus vaste aussi, parce que, tout d'un coup, on a eu accès à énormément de possibilités. A l'époque, on avait pas grandes possibilités. on avait le Minitel, et on avait un journal qui s'appelait Paris Boum Boum dans lequel on pouvait avoir des petites annonces ou des petites publicités de dames masseuses qui avaient leur fond de commerce sur rue. Et le Minitel a gardé, on va dire, cette manière un peu confidentielle, cachée, alors que, tout d'un coup, internet, ça a été tout pour tout le monde, quelque part.
Et, quand on voit le forum que l'on connait tous les deux, il y a parfois des discussions intéressantes, parce qu'on parle des personnes. Et non pas... Je veux dire, c'est odieux d'entendre parler des gens "Comment elle m'a fait une fellation, comment...". Ca ne regarde personne, ça. On parle de personnes qu'on a rencontré, et c'est intéressant, c'est parce que ce sont des personnes et pas autre chose.
Oui, mais maintenant, on assite à un déroulé de prestations... C'est plus que ça, en fait.
C'est pour ça que j'y participe plus depuis le site actuel. Je crois qu'il y a eu un site de départ auquel j'ai participé, puis le site qui a duré longtemps, on va dire, c'est là que j'ai connu escort.fr, et après, il y a eu celui actuel, et là, c'est devenu effectivement en-dehors de ce que je cherche en réalité. Parce que moi je cherche avant tout à rencontrer des personnes avec qui on va passer un bon moment, on va partager quelque chose, et on va se séparer contents tous les deux. Je pourrais pas rencontrer une femme qui a pas envie, c'est pas possible. Donc, c'est pour ça que je rencontre peu, et c'est pour ça que je met parfois longtemps avant de les rencontrer.
Je vais vous laisser poser les questions, parce que je suis forcément un peu brouillon...
C'est pas grave. Et comment vous sélectionnez une rencontre, justement?
Par une manière complètement illogique qui s'appelle le flaire, le nez, je sais pas. Dès que j'entend une vois, je sais que ça va marcher ou pas. C'est complètement illogique, mais c'est comme ça. Et je me trompe très peu, par rapport à moi, en tout cas.
C'est une manière comme une autre, non, vous ne vous trompez pas, le tout, c'est d'être content de votre rendez-vous.
Oui, mais c'est pas seulement être content de mon rendez-vous, il y a un moment où, par exemple, il y a des annonces avec des gens, avec des femmes, on peut pas leur parler. Je ne peux pas rencontrer quelqu'un avec qui je peux pas échanger quelques paroles. On sent beaucoup de choses à travers ce qu'on entend, c'est là où on commence aussi à mettre en route la machine à fantasmes. Il faut dire aussi qu'il y avant, il y a pendant, et il y a après aussi. Mais cet avant est très important.
Quel budget vous mettes à peu près pour une rencontre?
Entre 200 et 300 euros, à peu près.
Vous êtes au courant qu'il y a eu une loi de pénalisation des clients depuis 2016. Qu'est-ce que vous en pensez?
Je pense que, si on se place du point de vue des femmes, c'est de ce point de vue-là qu'on soit se placer, j'ai l'impression que c'est pas efficace, quelque part. C'est-à-dire, qu'est-ce qui est embêtant dans la prostitution? C'est pas les gens qui se prostituent? C'est pas que des gens consentants ont envie, et que d'autres se rencontrent? C'est la mise en danger des personnes. Et en réalité, aujourd'hui, ça fait qu'il y a tout un tas de personnes qui sont exploitées, qui, du coup, deviennent cachées, en réalité, et c'est ça le drame. C'est pas une des mes amies qui sont maitres de leur vie, maitres de leurs choix et qui font ça. Donc, il y a deux choses: il y a le malheur de certaines femmes et la morale. L'Etat n'a pas à être moral. Par contre, que les femmes soient protégés contre les malfaisants, c'est une évidence, et j'ai pas l'impression que ça l'est, bien au contraire.
Même si ça se fera pas en France, en tout cas avant 50 ans, qu'est-ce que vous pensez de la réouverture des maisons closes?
Ca existe déjà, d'une certaine manière, en Allemagne ou en Belgique, ou ailleurs. Pour moi, la morale, elle ne se résume qu'à une seule chose: c'est que des personnes qui sont ensemble, le fassent parce qu'elles en ont envie. Si on a des maisons closes avec des gens dedans qui y vont parce qu'ils ont envie et qu'il y a des femmes dedans qui en ont envie, d'un point de vue multiple, pas forcément parce qu'elles ont envie de prendre du plaisir, mais parce que c'est leur job, parce qu'elles ont fait ce choix... Je n'ai rien à y redire. C'est la liberté qui compte. Mais la protection aussi, c'est-a-dire que, si effectivement, une maison close est aussi un lieu qui permet des rencontres qui soient dans lesquelles il y a une sécurité, Je pense que c'est mieux que la manière dans laquelle des personnes sont pas en sécurité.
Est-ce que, pour vous, il y a un rapport entre la prostitution, les rencontres et le porno?
Alors, je pense qu'il y a une barrière assez séparée, mais elle est pas imperméable. Il se trouve que j'ai rencontré, il y a pas longtemps, une star du porno. Alors, évidemment, je pense que beaucoup d'hommes qui vont rencontrer une star du porno vont essayer de fantasmer comme s'ils étaient pendant un porno. La personne qui est sur une image, c'est une image. La personne qu'on rencontre, tout d'un coup, c'est une personne, qui a sa propre humeur du jour, tout ce qu'on peut imaginer de normal, et si on va en voulant éditer un fantasme ou des prestations, à mon avis, c'est une erreur. Mais effectivement, je pense que cette frange de personne, c'est assez rare, en fait. Il y a pas une grande perméabilité entre les deux. Mais je peux me tromper. Vous me direz ce que vous en pensez vous...
(Rires). J'ai pas à intervenir. Je sais pas si vous avez vu mes interviews, mais je prend les infos... Je suis pas dans le jugement, ni dans l'intervention, en fait.
J'ai pas l'impression.
Parlez-nous de votre meilleure rencontre.
J'ai beaucoup de meilleures rencontres. Franchement, j'ai rencontré des femmes extraordinaires. Des femmes intelligentes, sensibles, à l'écoute, et réciproquement, qui étaient heureuses qu'on les écoute. Donc, pour moi, une rencontre, ça se limite pas à savoir si c'est des actes que j'ai payé. Je m'en fiche totalement, qu'elle va me faire ceci, ceci, ou cela. A un moment, ça colle ou ça colle pas, et si ça colle, je dis pas qu'on fait l'amour, mais au moins, on partage. Alors, des rencontres comme ça, est-ce que j'en ai fait beaucoup? Oui, sur 40 ans, j'en ai fait pas mal, quand même!
Alors, récemment, est-ce que j'en ai fait beaucoup? Non, et oui. C'est-à-dire non, parce que je fais pas beaucoup de rencontres, et oui, parce que les gens que je vois, les personnes que je vois, je rencontre des femmes délicieuses que je connais depuis un certain temps et qui me le rendent bien. Et c'est pour ça, comme j'ai la chance d'avoir autour de moi trois ou quatre personnes que je connais depuis longtemps, qui sont délicieuses et on est heureux de se voir, je n'ai guère à en chercher d'autres. Donc, ces rencontres-là sont magnifiques. Selon ses humeurs du jour que chacun a le droit d'avoir...
Et votre pire rencontre?
Ma pire rencontre, elle a pu avoir lieu cette année. Je me suis fait avoir, là, mon flaire m'a pas aidé. J'habite (Censuré par l'auteur), et donc, des villes comme X et Y ne sont pas si éloignées. En en plus, dans notre coin, on va dire qu'il n'y a personne, il n'y a pas de femmes délicieuses. Et donc, je vois une annonce qui me semble intéressante, j'appelle avec quelqu'un qui n'est pas désagréable, et je vais à ce rendez-vous et je me suis retrouvé avec quelqu'un qui est énormément plus vieux que ce qui était prévu, mais à la limite, pourquoi pas? Mais qui, surtout, n'offre rien. Aucune sensualité, aucun partage, même pas le bonjour, on dirait, à la limite. Donc, c'est donc une rencontre qui n'est rien, et du coup, qui n'est rien, ni d'un côté, ni de l'autre.
Est-ce que vous pensez qu'en France, la situation de la prostitution s'est améliorée ou dégradée depuis que vous la connaissez?
Dans quel sens?
Pour les filles, pour les clients, est-ce que ça s'est amélioré ou dégradé?
Je sais pas si ça s'est amélioré ou dégradé, ça a changé. On lit souvent sur le forum, qu'il y a tout un tas d'escortes, ou de femmes qu'on ne peut plus rencontrer, qui n'existent plus. Et les témoignages parlent de femmes qui leur apportait quelque chose d'humain... Non, ces femmes-là existent toujours, la prostitution avec des gens humains existe toujours, mais elle est noyée dans une masse telle avec internet, qu'effectivement, c'est beaucoup plus compliqué. Alors, est-ce que ça a changé? Il n'y a pratiquement plus de prostitution de rue, donc ça, c'est une réalité. Est-ce que ces femmes étaient moins bien dans la rue? Je ne sais pas, je pense que c'est des variables. C'est tout une époque où il y avait quand même beaucoup de prostitution avec des souteneurs. Alors, aujourd'hui, on retrouve aussi sur internet, beaucoup de femmes pour lequel c'est un choix, avec une certaine liberté et sans emprise.
Il me semble que, de ce point de vue-là, c'est vraisemblablement mieux. Quand je lis vos propos, ou que je lis le propos de certaines des rares femmes qui sont sur le forum, on voit quand même qu'il y des femmes libres qui ont choisi de faire ça, qui le font comme elles veulent le faire et pas autrement. Je suis pas sur qu'avant, c'était le cas. Je suis pas sur que les femmes dans la rue, ou les femmes dans leurs camionnettes, ou les femmes dans leurs voitures étaient toujours libres d'avoir le choix de faire ce qu'elles faisaient. Donc, en ça, c'est plutôt mieux. Je parle par rapport aux années 80.
Après, il y a eu tout un monde de libertins qui s'est un petit peu vénalisé, on va dire, entre le Minitel et internet. Alors, la réponse: est-ce que c'est mieux ou moins bien? Ca dépend de quoi on parle. Sur certains aspects, est-ce qu'aujourd'hui, une escorte gagne mieux sa vie qu'une prostituée de rue dans le temps, même si c'est pas du tout la même idée de mode de prostitution, ça, j'en sais rien, en réalité. Ce que je pense, c'est que, beaucoup de femmes que je rencontre aujourd'hui, c'est des femmes qui choisissent leurs rencontres, qui vont en faire une ou deux par jour, voire une ou deux dans la semaine, et qui prennent ça comme un choix assez heureux.
Alors, on voit aussi des filles de l'Est ou d'ailleurs qui enchainent comme les femmes dans les rues dans le temps, donc, je pense que, dans leur cas à elles, c'est pas très chouette.
Un petit mot pour la fin?
Un petit mot pour la fin... (Rires). Je souhaite que les personnes libres d'esprit, qui n'ont pas d'entraves puissent continuer dans notre société, de plus en plus avec des pertes de liberté, puissent continuer à faire ce qu'elles veulent faire. Donc, je vous souhaite à vous de continuer de faire ce que vous faites comme vous avez envie de le faire ,et moi aussi, de mon côté, en espérant que les états ne vont pas exagérer et supprimer toutes nos libertés.
D'accord. Je coupe.
FIN
Je remercie Pianist 75, qui m'a gentiment contacté afin de contribuer à ce blog. Et comme toujours, c'est lui qui a choisi la musique de fin.
Vous faites partie du monde de la prostitution, quel que soit votre rôle, et vous souhaitez collaborer pour ce blog? Je vous invite à me joindre: chlotilderastignac91@gmail.com.
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