Choisir de mourir ?

 


"Le suicide est une puissante consolation, elle aide à passer plus d'une mauvaise nuit". Friedrich Nietzsche

Je démarre fort l'année 2024 en parlant d'un sujet si peu plaisant, il faut bien le reconnaitre. Je vous rassure (ou vous déçois peut-être, pour certains), je n'ai aucune envie suicidaire. L'idée de cette publication m'est venue tandis qu'une amie perdait une personne proche, et m'a renvoyé à de très mauvais souvenirs...

En 2017, j'ai en effet enterré un proche qui a décidé de mettre fin à ses jours. C'était quelqu'un de ma famille avec qui j'ai été élevée comme frère et sœur. Pour des raisons personnelles, ma mère avait décidé de le prendre à la maison et nous avons donc grandi ensemble. Il était plus proche de mon grand frère, car ils n'avaient que peu de différence d'âge. 

En septembre 2017, il s'est suicidé. Il a pris une corde, il a été dans une forêt proche de chez lui et il s'est pendu à un arbre. Comment j'ai digéré la chose? Mal, très mal. Mais ce ne fut pas le pire. Ma mère venait de subir une intervention chirurgicale, donc elle était en réanimation, et nous avons du aller lui annoncer la nouvelle le lendemain dans sa chambre d'hôpital. Elle s'est mise à hurler, car elle n'a pas compris pourquoi celui qu'elle a pris dans son giron, comme un fils, s'était foutu en l'air. Il avait tout pour lui, il était beau, il avait une femme, deux gosses, une bonne carrière, une belle maison. Pourquoi? Nous ne savons toujours pas. Lors de son enterrement, quelques jours plus tard, pour la première fois de ma vie, j'ai vu mon frère s'effondrer, lui qui est habituellement solide comme un roc. 

Pour ma part, je n'ai pas lâché une larme, car la colère était trop présente. Oui, vous m'avez bien lu. Non, je ne suis pas insensible, loin de là. Oui, il me manque, et il n'y a quasiment pas un jour où je n'y pense pas. Mais j'ai trouvé son acte égoïste, surtout qu'il était entouré, il n'avait pas de quoi se plaindre. Oui, il lui avait manqué l'amour d'une mère, mais la mienne avait pallié à cela, en tout cas, elle avait tout fait pour. 

Donc oui, je pense que se suicider est un acte égoïste et lâche. Vous avez tout à fait le droit de ne pas être d'accord avec moi et de me répondre que chacun fait ce qu'il veut de sa vie, même la supprimer, mais quand on a des proches, des parents, des enfants, elle ne vous appartient plus uniquement. 

Oui, mais il est sans doute des situations où c'est la seule solution, allez-vous me dire. Non, il y a toujours d'autres solutions. Un chagrin d'amour? Ca passera. Des dettes? Plaie d'argent n'est pas mortelle. Chaque problème trouve sa solution. Ne croyez pas que j'ai toujours eu une vie rose avec des angelots autour de ma personne, mais "7 fois à terre, 8 fois debout". Quand on est au fond de l'eau, et bien on tape fort du pied sur le sol et on remonte à la surface. 

Ce n'est pas pour rien que, dans de nombreuses religions, le suicide est considéré comme un meurtre, en tout cas à mes yeux, il l'est.  Bon, déjà parce que pour les croyants, votre vie ne vous appartient pas vraiment, mais aussi parce que, selon moi, vous laissez des personnes dévastées autour de vous. 

Il y a certaines études qui tendent à penser qu'un stress intense peut déclencher certains cancers, mais les scientifiques n'en sont pas encore très surs. Moi-même, j'émet l'hypothèse que cet évènement a pu déclencher, quelques années plus tard le cancer de ma mère, puisqu'elle ne boit pas, ni ne fume depuis plus de 20 ans qu'elle a arrêté la clope. J'en discute souvent avec elle, et c'est quelque chose dont elle ne se remettra jamais, et le pire, c'est qu'elle culpabilise... Si la vie existe après la mort, et que j'ai l'occasion de le voir le jour où je partirais, je pense que j'aurais deux mots à lui dire! 

Il est aussi des personnes qui, accusées de certaines choses, par exemple de pédophilie, comme David Hamilton, pour ne citer que lui, décident de se foutre en l'air. Non mais c'est trop facile! Le gars fout des vies en l'air, puis hop, il s'en va sans n'avoir aucun compte à rendre! Ben voyons! 

Il demeure cependant une situation où je suis tout à fait d'accord avec ces personnes qui choisissent de mourir, c'est lorsque certaines pathologies font qu'il n'y a plus rien à faire. Là aussi, j'ai ma propre expérience sur le sujet, car une des deux grand-mères est morte de la maladie de Parkinson, et croyez-moi, la fin est bien moche. Elle s'étouffait dans un état de semi-conscience. Et ce n'est pas par manque d'amour que ses enfants et ses petits-enfants on pensé que si c'était légal en France, nous aurions signé pour l'euthanasie. 

Bien au contraire, dès lors où la maladie ne permet plus aucun espoir, plutôt que de partir dans des souffrances atroces, il serait préférable que l'on puisse partir en toute dignité. Je sais que cela se fait et que certains médecins sont prêts à prendre de gros risques juridiques afin de permettre aux gens dont la fin est de toute manière inéluctable d'y avoir accès. Le processus est très simple, on fait une injection pour anesthésier, puis une autre pour déclencher un arrêt cardiaque. Seulement, actuellement, dans notre pays, le toubib qui le fait risque les Assisses. Cela ne vous rappelle rien? 

Et oui, avant la loi Veil de 1974 sur l'IVG, les soignants qui le pratiquaient encouraient de la taule, voire même la peine de mort sous le Gouvernement de Vichy. Pourtant, nous avons réussi à obtenir ce droit après une longue bataille institutionnelle (navette parlementaire). Pourquoi certains pays, comme les Pays-Bas l'ont déjà mis en place, et pour nous, cela continue à choquer certains en France?

Vous allez me répondre qu'ici aussi, ce serait contraire à certaines religions monothéistes. Je vais vous dire que je me limite énormément quand il s'agit d'aller dans le bon sens à mes yeux, et je suis d'ailleurs une fervente partisane de la loi Neuwirth de 1969 sur la contraception, et de la loi Veil de 1974 sur l'interruption volontaire de grossesse. Pensez-vous que, dans les trois religions du Livre, l'IVG et la pilule soient autorisées? Je ne crois pas, non! Et pourtant, c'est quelque chose qui m'apparait nécessaire dans nos sociétés modernes. 

On le fait déjà pour nos animaux de compagnie... Non, je ne compare pas les humains avec des chiens, mais si j'aime assez mon toutou pour aller chez le vétérinaire dans le but d'abréger ses souffrances, j'aime encore plus mes proches afin d'en faire de même! C'est d'ailleurs une question qui s'est posée pour ma mère lorsqu'elle a eu son cancer, et j'ai hurlé quand elle en a parlé, mais j'ai bien entendu sa position, et nous aurions alors tout mis en œuvre si c'était  la seule solution... Elle avait d'ailleurs signé un formulaire à l'hôpital Lacassagne (centre d'oncologie à Nice) qui expliquait de manière expresse qu'elle ne souhaitait aucun acharnement thérapeutique. 

Sur ce, je vous promet que mes prochains sujets seront plus légers et plus joyeux! 

Contact: chlotilderastignac91@gmail.com







Commentaires

  1. Analyse trés juste comme d'habitude. Chacun est libre mais a une responsabilité vis à vis de ses proche. Donc non il ne faut pas partir volontairement c'est lache. Par contre malade et en fin de vie la personne a le droit de décider de ne pas souffrir le martyre si la fin est inéluctable mais bien sur il faut son accord , l'accord de sa famille et du corps médical. La loi est facile à écrire mais on complique toujours tout. Il y a toujours des gens qui disent que l'on va piquer le grand mère pour l'héritage. Tout cela est encadré. J'epèreque que vos prochains articles seront plus rigolos quand même ! Que notre moral remonte et le votre aussi. Cordialement. Alain.

    RépondreSupprimer
  2. Il ne faut pas juger trop sévèrement les personnes confrontées aux turpitudes de l'âme, qui sait ce que nous ferions dans pareil cas. Pour ma part, je considère le suicide comme un acte très courageux, il en faut pour mettre fin à sa vie, savoir dire stop, plier bagages au bout du bout du désespoir et ne pas rester pour faire "plaisir" (excusez moi pour cette expression un peu malheureuse, je n'en ai pas trouvé d'autre) après s'être battu cela va de soit, je doute que parmi les personnes qui se suicident beaucoup le font juste pour un vague à l'âme, et nous ne sommes pas tous égaux face à l'adversité.
    Pour les proches c'est évidemment différent, la culpabilité est parfois présente alors qu'ils n'en sont en rien responsable, derrière le masque social que nous portons tous qui sait ce qui se cache.
    J'arrête avec la psychologie de comptoir et je rejoins Alain sur la fin. Bonne journée malgré tout

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Veuillez lire la charte avant de commenter. Votre commentaire ne sera pas validé si insultant ou vindicatif.

Articles les plus consultés