Adieu Monsieur Badinter

 

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"La justice française ne peut plus être une justice qui tue". Robert Badinter

Dans la nuit du 8 ou 9 février, trouvait la mort un des hommes que j'admirais le plus en la personne de Robert Badinter. Avocat de formation, puis garde des Sceaux sous le premier mandat de François Mitterrand, il avait défendu et obtenu devant le Parlement l'abrogation de la peine de mort. 

Il faut savoir que ce qui l'avait touché, puis, poussé à se battre contre la guillotine (oui, on guillotinait jusqu'en 1981 en France), c'est le fait qu'il avait défendu un détenu, qui après une tentative d'évasion avorté, avait été condamné à la peine capitale, tandis qu'il était simplement complice d'un meurtre, et non pas coupable. 

Les plus anciens d'entre vous ont certainement vécu l'affaire Ranucci, avec un homme qui s'est retrouvé sur l'échafaud, tandis que, nous le savons aujourd'hui, il n'avait rien fait, et l'assassin de la petite Maria Dolores court toujours. Alors, j'entend dans l'oreillette que l'on me dit que, désormais, avec l'ADN à disposition, on ne peut plus se tromper. Les affaires criminelles sont un peu plus complexes que cela, et il n'y a pas toujours des matières biologiques sur une scène de crime. Sans compter que, parfois, on pourrait retrouver du sang ou autre et, qui pourtant, n'appartient pas au coupable. 

Je vais vous expliquer quelque chose, quitte à ce que certains ne soient pas d'accord avec moi: il y a eu deux lois au cours du XXème siècle qui sont les plus importantes, à savoir l'abolition de la peine de mort et le droit à l'IVG. Non, ne me regardez pas en coin, je ne suis pas communautariste, et ce n'est pas parce que ce sont deux personnes qui sont mes coreligionnaires qui les ont pondu.  

Mais monsieur Badinter n'avait pas été uniquement l'instigateur de l'abolition de la peine de mort, c'eut été trop peu pour un si grand homme. Il faut savoir qu'il a aussi renforcé le droit pour les personnes victimes d'accidents de la route à toucher des indemnités, et ce, en 1984. Avant cela, si vous étiez estropié parce qu'un mec bourré vous avait foutu en l'air, c'était que dalle! 

Aussi, et c'est quelque chose que je trouve marquant, mais aussi merveilleux, il a permis de dépénaliser l'homosexualité. Avant cela, et ce fut le cas notamment pour Rimbaud et Verlaine, vous pouviez être inquiété par la justice du seul fait de votre orientation sexuelle si elle n'était pas la "bonne". D'ailleurs, c'est quelque chose qui a été inscrit comme une maladie mentale dans la liste établie par l'O.M.S jusqu'en 1991. 

D'autre part, Robert Badinter s'est battu contre les élucubrations d'un certain Robert Faurisson. En, effet, ce dernier tentait d'expliquer que les Juifs n'avaient pas pu être assassinés dans les camps Nazis, en expliquant que les chambres à gaz n'avaient simplement jamais existé. En 2007, cette pourriture négationniste avait pris une fessée royale par l'ancien Garde des Sceaux, et avait dit "Le négationnisme est l'une des pires entreprises de faussaire de l'Histoire". Je suis totalement d'accord! D'autant plus que, quand on connait l'histoire personnelle de Robert Badinter, qui a fui afin de ne pas être déporté, on ne peut que s'incliner. 

Je pense ici aussi à sa veuve, Madame Elisabeth Badinter, pour qui, en tant que féministe, j'ai une profonde admiration, et qui est, à mes yeux, une femme plus qui brillante, soutenant notamment la cause des personnes prostituées, et expliquant, contre la loi de 2016, que si une femme a fait ce choix, alors il lui appartient. 

Il est à noter qu'il y a toute fois une chose avec laquelle je n'étais pas d'accord, car il en faut bien une, c'est que Monsieur Badinter était contre l'euthanasie en fin de vie. Il pensait que la loi Léonetti de 2005, contre l'obstination déraisonnable, était suffisante en la matière, en que l'on ne devait pas aider les gens au suicide assisté en cas d'extrêmes souffrances. Et ça, c'est non à mes yeux. Mais il avait sans doute ses propres convictions, que je ne partage pas pour autant. 

Reposez en paix, Monsieur.

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