Ivg: mon corps, mon choix, mon droit
Mon second livre en prévente: Sacrée pomme ! – Simply Crowd
Mon premier livre en vente: Confessions d'une prostiputescorte par Chlotilde Rastignac • Achat en ligne avec Editions Maïa
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"Si les hommes pouvaient attendre un enfant, l'avortement serait un sacrement". Florence Kennedy
Il y a quelques jours de cela, cela faisait 50 ans que la France avait promulgué la loi Veil autorisant l'IVG. Ce ne fut pas un parcours de santé, mais elle n'a rien lâché. Elle était alors Ministre de la santé, et ce fut un chemin semé d'embuche, notamment avec une navette parlementaire assez longue, un recours alors pour atteinte au droit à la vie constitutionnellement inscrit (une règle de droit doit toujours être soumise à toutes les règles qui lui sont supérieures. or, dans la pyramide des normes, la Constitution est supérieure à la loi organique.), des insultes de la part de certains députés, qui y étaient farouchement opposés. Notons par exemple Jacques Médecin, député, mais aussi maire de Nice à l'époque, qui l'a traité en pleine Assemblée Nationale, de... Nazi! Sachant que Madame Veil avait été déportée en raison de sa judéité, c'est fin, ça se mange sans faim! Mais Jacquou a eu moins de scrupules à se barrer avec la caisse pour finir paisiblement sa vie en Uruguay!
Pour ma part, je fais partie de ces femmes, que certains appellent "Salopes" et qui ont avorté. Pourquoi? Parce que j'avais 18 ans et que ce n'était pas le moment. C'est pourquoi je m'insurge lorsqu'une amie m'envoie la vidéo d'une manifestation de la part des "pro life" dans les rues de Paris. Parce que, selon eux, l'IVG serait un meurtre. Et la branlette, un génocide? Oh, merde, vous venez de tuer un aviateur!
Ainsi, à 18 ans, j'ai avorté. Pourquoi? Ici, je ne vais pas chercher à me justifier, mais juste à vous raconter. Je venais donc d'avoir 18 ans, je prenais la pilule, mais je pense qu'elle n'a pas eu son effet, car, un soir, j'avais pris une cuite, et j'ai vomis. Oh, oui, c'est inconscient de prendre une cuite, certes, mais pas au point que l'on me le fasse payer avec une grossesse non désirée. J'ai été voir deux gynécos qui me l'ont refusé. Le délit d'entrave à l'IVG n'existait pas encore els amis, donc ils faisaient alors bien comme ils voulaient, et pratiquaient d'ailleurs le délai qu'ils souhaitaient aussi, souvent bien plus court que le véritable délai légal.
J'en ai parlé à la maman de mon copain de l'époque, qui a été très gentille avec moi, et qui m'a dit qu'elle en avait pratiqué un au début de son mariage, car elle se sentait trop jeune. Elle m'a donc trouvé un praticien qui acceptait, dans sa grande générosité, de me le faire (je suis sarcastique), mais.... C'était 900 euros. Non, je ne blague pas! Et avec l'inflation, je vous laisse imaginer combien cela représentait alors! Mais mes beaux-parents ont payé. A l'époque, je trouvais ça trop sympa de leur part, en oubliant au passage que leur fils était tout autant responsable que moi, et qu'il se serait retrouvé dans la même merde que moi.
Je me suis donc rendue au cabinet de ce médecin, et il m'a fait la morale comme une gamine irresponsable, mais ne disant rien au petit ami, qui était à côté de moi. Mon surnom, c'est immaculée conception, vous ne saviez pas? Bref, le rendez-vous est pris pour aller à la clinique, le toubib n'oubliant pas au passage de ramasser ce qui devait représenter alors quasiment un SMIC, puis je me suis rendue donc à la clinique Santa Maria afin de subir une anesthésie générale, la première de ma vie, puis on m'a pratiqué une IVG par aspiration. A la suite de cette intervention, quand je me suis réveillée, j'ai appelé le copain, il m'a envoyé chier car il était en train de jouer au foot! Et vous vouliez que je fasse un gosse avec ça? Quand il a enfin daigné venir me voir, contraint et forcé par ses parents, il n'a pas trouvé mieux que de me larguer sur un lit d'hôpital.
Suite à l'aspiration, le gynéco est venu me voir dans ma chambre, puis m'a parlé comme si j'étais une grosse merde, une moins que rien. Et oui, j'étais une de ces grosses salopes irresponsables qui avait eu recours à l'IVG.
Suite à cela, étant vraiment mal, j'ai été voir celle qui console toujours les bobos, à savoir ma maman. Je m'étais mise en tête qu'elle allait me pourrir. Pas du tout! Sa réaction fut de me pourrir, certes, mais parce que je ne lui en avais pas parlé! Et là, à son tour, elle m'a raconté...
Quelques mois avant que l'IVG ne soit accepté en France, ma mère, alors jeune mariée, mais n'ayant pas fini ses études, a avorté. Elle a été voir ma grand-mère, qui a collé mon grand-père dans le premier avion pour qu'il se casse en vacances. Il aurait gueulé. Mais comment avorter, tandis que c'était encore illégal? Ma grand-mère connaissait une sage-femme, qui, contre 5000 francs, vous mettait une canule souple dans l'utérus pendant quelques jours, ce qui déclenchait une fausse-couche. Mais il ne fallait pas rester immobile! Ma mère a eu ses saignements, tandis qu'elle tapait un baby-foot!
Puis, un chirurgien qui était de mèche, pratiquait un curetage, en bonne et due forme. Oh, merde, encore une fausse-couche! Heureusement que rien n'était alors informatisé dans les cliniques, car le gars devait avoir un taux de fausse-couche effrayant. Mais comment faisaient les femmes qui n'avaient pas les 5000 francs? Parce que c'était une véritable fortune à l'époque! Et bien, les étudiants en médecine de l'époque le pratiquaient contre 500 francs, mais dans des conditions affreuses, à vif! Une amie à ma mère l'avait fait, et c'était ignoble! Sinon, certaines se rendaient aux Pays-Bas.
Mais comment ma grand-mère connaissait cette fameuse sage-femme? Et bien... Elle aussi, c'était une de ces salopes! Dites-vous bien que j'ai déjà tellement d'oncles et de tantes pour que mes réunions de familles ressemblent à un comité d'entreprise (avec des serveurs au restaurant qui finissent le service sous Xanax). Et j'avais un grand-père qui, à chaque fois que ma grand-mère avait un polichinelle dans le tiroir, se mettait à gueuler! Non, mais franchement, comme si... Oui, mais mamie était inconsciente, me diront certains. Savez-vous que la loi de Neuwirth autorisant la contraception en France, n'a été promulguée qu'en 1967?
Ne vous sortez pas de l'esprit le nombre d'enfants qui sont nés sans amour, parce qu'issus d'un viol, ou simplement non désirés. N'oubliez pas que l'histoire de Marie Louise Giraud, condamnée à l'échafaud, parce que faiseuse d'ange sous le Gouvernement de Vichy. N'allez pas croire non plus, comme vous le diront certains, que cela rend stérile. C'est totalement faux, lorsque c'est fait dans de bonnes conditions. C'est vrai lorsque c'est pratiqué au cintre ou à la pompe à vélo, donc quand c'est illégal. Quand on en est à un stade de la médecine qui permet des transplantations cardiaques et des greffes totales de visage, quand la science permet à Thomas Pesquet d'aller faire un petit tour dans l'espace, on ne va pas laisser les femmes se faire torturer le vagin comme au Moyen Age. Ne laissez pas des associations ou des sites, comme IVG.net, par exemple, dire des conneries, comme par exemple, que l'IVG serait responsable des cancers du sein, parmi d'autres inepties. Oui, ma mère a eu un cancer du sein, mais il n'y a aucun lien de causes à effets. D'ailleurs, désormais, les IVG se pratiquent de manière médicamenteuse, donc sans aucune suite médicale, et l'IVG demeure moins risqué sur le point anatomique... Qu'un accouchement! Non pas que je sois contre le fait que les femmes continuent à faire des enfants, mais c'est une réalité!
Nos, corps, nos choix, nos droits!
Contact: chlotilderastignac91@gmail.com
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