D'où je viens (3ème partie de mon journal de bord)
(Photo AFP prise de l'incendie ayant eu lieu hier soir. Hors sujet, mais je la trouvais bien pour illustrer cet article).
Mon second livre en prévente: Sacrée pomme ! – Simply Crowd
Mon premier livre en vente: Confessions d'une prostiputescorte par Chlotilde Rastignac • Achat en ligne avec Editions Maïa
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"Une foi qui ne doute pas est une foi morte". Miguel de Unamuno
Je me réveille le lendemain avec un peu la bouche sèche, effet secondaire, parait-il, du Lopéramide, composant principal du Imodium. Toujours est-il que je pense que celui qui a inventé ce remède magique devrait avoir toute sa place au paradis, sans discussion possible. Je ne sais pas qui sont ces Johnson et Johnson, mais s'ils sont encore de ce monde, je plaiderais leur cause une fois de retour au bercail!
Je me lève donc de ce lit que je trouve confortable, et les humains ne connaissent pas leur chance de pouvoir retrouver le repos dans le sommeil, et c'était la première fois que je dormais pour ma part. Par contre, j'ai constaté qu'une drôle d'odeur se dégage de mon enveloppe corporelle. Après avoir contacté mon binôme, il m'a expliqué que c'était la sueur qui se dégage de tout corps humain, et c'est pourquoi les Hommes utilisent la douche avec différents produits pour leur hygiène corporelle. Je me renseigne sur la marche à suivre afin de me laver correctement, et je m'exécute.
Par contre, une autre chose m'inquiète, c'est que mon... Mon organe reproducteur s'est levé, mais sans que je ne lui ai rien demandé, ni qu'une quelconque tierce personne m'ait donné l'envie de le faire! Je m'étais renseigné sur le sujet, car j'ai été amené sur Terre afin d'étudier le comportement amoureux des humains, mais je ne savais pas que ce phénomène pouvait arriver de façon impromptue. Oriel, toujours ce vieux de la vieille, m'explique que c'est ce que les Terriens nomment la "gaule du matin", et que c'est une situation tout à fait normale, ce serait même un signe de bonne santé. Il ne faut pas être pressé et vouloir sauter dans ses vêtements!
Avant d'attaquer le "dur" de ma mission, je dois d'abord, comme à chaque fois qu'un ange vient sur la planète bleue, aller voir si les humains ont toujours la foi. En France, il y a principalement trois religions qui cohabitent, à savoir le culte Catholique, l'Islam, puis le judaïsme. Je décide donc de me rendre aujourd'hui dans trois lieux de culte, les maisons du Patron, afin de constater par moi-même ce qu'il en est.
Je dois donc me rendre en premier lieu à la Basilique du Sacré Coeur de Montmartre, et j'emprunte le métro pour cela. Bon, quand on me parlait d'hygiène, je pense que tous les humains n'ont pas compris le concept, enfin, je dis ça juste à vue de nez! Il devrait y avoir des sanctions divines pour cela!
J'arrive en bas des marches de la Butte Montmartre, mais je décide d'abord de me restaurer dans un café, quelque chose de pas trop risqué, car je suis devenu méfiant. Après mon café et mon croissant avalé, je me met à entamer l'ascension des marches, histoire de réveiller un peu mon corps. Ah oui, il faut avoir la foi pour grimper tout là-haut! Le bâtiment est magnifique, certes, mais je souhaite du mal à Paul Abadie sur le moment, car je suis en train de m'essouffler, et je regrette de ne pas avoir emprunté le funiculaire!
Arrivé dans la maison du Boss, quelques fidèles sont en train de se recueillir, mais peu, car il est vrai que nous en sommes en semaine, et que les gens doivent être occupés à leur emploi", car "Tu travailleras pour gagner ta pitance".
Pourtant, je m'intéresse à Gisèle, 81 ans, qui a l'air bien triste. Elle est veuve depuis deux ans déjà, elle est en train de prier pour retrouver Garfield. Mais qui est-il? Ah, d'accord, son compagnon depuis dix ans déjà, son chat. Elle me fait vraiment de la peine, et la voir prier avec les larmes aux yeux m'affecte énormément. Je m'approche d'elle, et lui demande en chuchotant ce qui ne va pas. Elle m'explique son cas, en reniflant, avec le regard rougi d'avoir sans doute pleuré des jours et des lunes.
Je me connecte avec Jezreel, et lui demande mentalement si un chat prénommé Garfield n'est pas aux arrivants ces jours-ci. "Non, mais tu ne te fous pas un peu de ma gueule? Tu sais combien il arrive de greffiers par jour ici?". J'insiste pour qu'il m'éclaire sur le cas du matou, et il me répond qu'il est encore sur Terre, puisque pas au Paradis, que je les lui brise, et que s'il avait su, il se serait mis en binôme avec quelqu'un d'autre, non mais vraiment, un chat, merde... Je lui demande de géolocaliser la bestiole, et là, il s'énerve franchement, en me traitant de tous les noms des démons de l'enfer; ça lui prend au moins cinq minutes pour me répondre, une éternité à ses yeux, et je me reprend ses pensums dans le cerveau, qu'il est maudit, que je suis vraiment stupide, qu'il va en référer au Grand Patron, parce que, quand même... Je me déconnecte avant qu'il se remette à m'insulter, mais j'ai tout de même obtenu l'information.
Je demande à Gisèle si son chat ne pourrait pas être dans le quartier, chez un voisin, par exemple. Je lui propose de l'accompagner près de chez elle, afin de faire le tour du quartier, mais il est vrai qu'étant donné son grand âge, elle est un peu méfiante, et je le comprend. Je lui dis que je ne compte pas rentrer chez elle, juste faire une enquête de voisinage.
La dame habite à quelques pâtés de maisons, et nous nous rendons sur place. Je feins de chercher un peu sous quelques voitures, bien que je sache déjà ou l'animal se planque.
"_ Regardez là-haut, madame!
_ Oh, mais il est chez Bernard, mon voisin, il s'est encore coincé dans un arbre!"
Cinq minutes plus tard, je me retrouve à escalader un chêne pour aller chercher le matou, mais, arrivé à sa hauteur, l'animal effrayé, commence à me souffler dessus, et à sortir les griffes. Mais c'est l'autre con d'en bas qui a créé ces machins ou quoi? C'est un être diabolique que j'ai en face de moi!
"Attention qu'il ne se fasse pas mal!", me crie Gisèle d'en bas. Ouais, c'est ça, et moi, je peux crever. Enfin, non, je ne peux pas, mais un peu de respect quand même!
Je redescend l'être satanique, tandis que je suis couvert de griffures, et ma petite dame me dit que je suis un ange! Oui, oui, parait-il... J'aperçois aussi le voisin qui guette par la fenêtre; c'est le fameux Bernard. Mais je ressens ce qu'il ressent...
Gisèle me propose d'aller chez elle pour me désinfecter les membre supérieurs, que j'ai en charpie, puis de m'offrir un café. J'accepte, car j'ai un autre plan en tête. Devant ma tasse de café fumante, je commence à entamer la conversation:
"Dites-moi Gisèle, et votre voisin, vous le voyez souvent?
_ Oh, Bernard? Il n'aimait pas beaucoup mon mari, vous savez. Et je crois que moi non plus, il ne m'aime pas. Il ne me parle jamais et tourne la tête quand il me voit. Je sais juste qu'il était militaire, et qu'il est veuf, tout comme moi.
_ Vous devriez aller lui porter quelques uns de vos excellents sablés, histoire de faire la paix. Vous êtes croyante, et D.ieu n'aime pas les querelles, vous savez, même entre voisins.
_Oh, vous êtes prêtre?
_ En quelque sorte... Mais faites-le, vous verrez, je suis certain que Bernard ne vous déteste pas."
C'est même plutôt le contraire... Certains voient sans doute en Gisèle une vieille dame fripée, mais Bernard la regarde tout autrement! D.ieu a ses plans, mais il faut savoir parfois les mettre en place... Et Gisèle et Bernard me chercheront sans doute dans quelques mois pour m'envoyer un faire-part, mais ne me trouveront pas!
Je me remet en route direction le métro, encore une fois, mais pour aller maintenant à la Grande Mosquée de Paris. Je me déchausse et entre dans l'édifice, non sans avoir fait mes ablutions. Ce n'est pas comme dans les transports en commun, ici les gens sont obligés de se laver, et c'est tant mieux pour mon odorat! Là aussi, le lieu ne fait pas salle comble, mais quelques fidèles demeurent pourtant.
Je me met au sol en faisant semblant de prier, et j'entend les prières de Youcef, 72 ans, retraité du bâtiment, qui prie pour que le Tout-Puissant puisse lui permettre financièrement de pouvoir aller voir sa fille en Province qu'il n'a pas vu depuis des mois déjà, ainsi que ses deux petits-fils. Les temps sont parfois durs pour les humains sur cette planète. Mais Youcef, homme bon et digne, trouvera dans son vestiaire une vingtaine de papiers marrons en allant récupérer ses effets. Quoi? Je n'ai tué personne et ça ne changera pas considérablement le cours de l'Histoire, donc je peux!
Je ressors de la Mosquée, et je dois de nouveau reprendre le métro. Je suis maudit, et je hais celui ou ceux qui ont inventé ce moyen de transport! Je me retrouve donc à la rue de la Victoire afin de pénétrer dans une des synagogues les plus réputées de la Capitale. J'ai lu quelque part que la plus belle de France se trouverait à Nice, rue Gustave Deloye, mais je n'ai pas le temps de me rendre dans le Sud de la France, surtout que je n'ai pas le droit de me téléporter. C'est chiant ça!
Je rentre dans le lieu, non sans avoir pris soin d'enfiler une Kippah sur mon crâne. Chacun sa culture, chacun ses traditions! J'entend ici les prières d'une toute jeune femme de 19 ans, Sarah. Oh! Mais je n'avais pas vu cela! Sarah n'est pas seule, ils sont deux dans le même corps!
Sarah pleure, car, outre le fait que le père de son enfant l'a quitté à l'annonce de la grossesse, elle souffre d'un décollement prématuré du placenta, et la future vie qui pousse en elle semble compromise. Là, je sais très bien que je ne peux rien faire, car ce n'est pas moi qui peut avoir le droit ou de vie ou de mort sur une quelconque création vivante.
D'un coup, Sarah tombe au sol et j'aperçois la tâche rouge qui macule sa robe bleue. Merde, merde, merde! Je demande à mon collègue ce que je dois faire, il m'explique que je dois prendre la boite en métal avec la pomme qu'il m'a fourni et composer le 18, mais rapidos! Je m'exécute en tremblant, et des personnes en tenues bleues sombres avec liserés rouges où il est indiqué "Pompiers de Paris" ne tardent pas à arriver, puis à la prendre en charge. Il y a du monde autour du brancard, et on me demande si je la connais, non, je répond que j'étais juste en train de visiter le lieu. Sur ses papiers d'identité, il est indiqué qu'elle se nomme Sarah Levy, et qu'elle a 19 ans, qu'elle loge dans le XIXème arrondissement.
Les pompiers vont la transporter aux urgences gynécologiques, au sein de la maternité de la clinique Marie-Louise. Cette fois, je ne vais pas prendre le métro, et arrive à intercepter un taxi afin d'arriver plus rapidement au sein du centre hospitalier. Là, je croise des dizaines de collègues qui sont encore stagiaires. Ils viennent très rapidement sur Terre, seulement quelques secondes, afin de donner le souffle de vie aux nouveau-nés, puis repartent chez nous aussitôt fait. Ils sont un peu étonnés de me trouver là, je leur demande si un ange a été assigné pour l'enfant à venir de Sarah, mais ce n'est pas le cas... Je crois comprendre...
J'attend tout de même d'avoir des nouvelles de Mademoiselle Levy, même si je sais déjà ce qu'il en sera. J'entend crier de nombreuses femmes hurler. Mais c'est insupportable! "Tu enfanteras dans la douleur". Ah oui, j'avais oublié! Elles non, visiblement. En fait, c'est une vaste connerie, car Il s'était simplement trompé dans les fiches de construction, et lorsqu'IL a fait en sorte que les grands singes deviennent humains et se redressent, le bassin ne permettait plus si facilement le passage des nouveaux venus, surtout que le bébé humain est le plus gros chez les mammifères en rapport avec le poids de la parturiente. C'était tout simplement une erreur technique de départ, pas une malédiction, mais certains hommes s'en servent pour expliquer la punition divine sur la femme. Ils font passer leur machisme pour un message du Boss, les cons!
Un médecin sort de la salle où se trouve Sarah.
"_Vous la connaissez?
_ Non, j'étais simplement présent quand elle a perdu connaissance et c'est moi qui a appelé les secours.
_ Ecoutez, elle s'en remettra et elle pourra porter d'autres nourrissons, mais pour celui-ci... Il n'a pas survécu. Ce sont des choses qui arrivent.
_ Je peux la voir?
_Oui, si elle le souhaite".
Je tape à la porte, Sarah est en larmes. Elle s'en remettra... Ils sont parfois drôles, les médecins!
"_ Je suis Ange, la personne qui a appelé les secours. Je voudrais savoir si tout allait bien, enfin, je veux dire...
_J'ai eu beau prier, IL ne m'a pas entendu, IL ne m'a pas entendu! Je ne prierais plus jamais! C'est fini pour moi, ces conneries!
_Je comprend..."
Je sais que tu as perdu la foi, ma douce, et que tu ne la retrouveras jamais. Pourtant, tu seras un jour pédiatre, tu rencontrerasun homme courageux et juste, puis tu feras deux magnifiques enfants. Et tu comprendras le jour où ton heure viendra qu'Il avait d'autres plans pour toi. Et IL ne te tiendra pas rigueur d'avoir perdu foi en LUI, car IL souhaite de bonnes personnes, qu'elles croient ou non, plutôt que de mauvaises, qui, sous couvert d'être croyants, se permettent de faire le mal. Et toi, sans ne plus croire, tu feras le bien, ne serait-ce que dans ton métier, où tu sauveras des vies dans le cadre de missions humanitaires. Mais je te comprend, et je ne peux pas te blâmer.
Je rentre à mon hôtel dépité et le coeur lourd, ressentant un grand vide, et doutant moi-même de notre rôle. Moi je sais qu'IL existe, mais pourquoi alors permettre cela? Il faudra que je parle avec LUI quand je serais de nouveau chez moi.
A suivre...
Contact: chlotilderastignac91@gmail.com
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